Chronique des temps barbares
Café Littéraire de la Terrasse - Chronique des temps barbares (16)

À vos souhaits !

Avec 191 morts dénombrés péniblement un à un (en fait une cinquantaine), la grippe A/H1N1 a passé sur le pays en faisant beaucoup moins de victimes que la grippe saisonnière – dont on nous a fait savoir qu’elle ferait entre 2500 et 3000 morts chaque année (en fait 500 dont la majeure partie a dépassé 80 ans), ces derniers n’ayant jamais eu droit à ce macabre et pointilleux décompte, mascarade oblige – et beaucoup moins surtout que les chiffres alarmistes et trompeurs ne l’annonçaient.

Et pourtant, à quel déchaînement médiatique, à quelle propagande cette grippe AH1N1 n’a-t-elle pas donné lieu tous azimuts, écoles fermées, dramatisation, communiqués journaliers dans la presse écrite et télévisée jusqu’à la nausée, martelage, décervelage, contre-vérités, certains « spécialistes », habilement choisis, n’hésitant pas à stigmatiser les résistants à la vaccination comme étant les futurs responsables des milliers, des centaines de milliers, des millions de morts que cette grippe allait générer.

D’autres vagues de propagande, en d’autres temps, ont déferlé sur l’Europe et le pays, pointant du doigt et du fusil les « responsables » des malheurs du peuple, les isolant, les parquant pour mieux les assassiner. Et pourtant cette propagande monstrueuse n’eut pas partout les mêmes effets. Et le pays, malgré les polices, les milices, les gendarmes, en sauva de nombreux qui, sans cette aide, sans cette intelligence, sans cette humanité, eussent péri.

D’autres vagues sont en train de déferler en ce moment sur le pays : la vague nationaliste avec la question insidieuse de l’identité nationale et celle, aussi délicate, de la burqa et du niqab.

Le mot « national » est trop chargé de sous-entendus détestables, il a trop été accolé à d’autres mots avec lesquels il a produit des couples monstrueux, avec le mot « Socialisme » en Allemagne, avec le mot « Révolution » en France, attisant les haines, magnifiant la bêtise. Le voici aujourd’hui accolé au mot « Identité », joli mariage en vérité que de nouveaux Doriot, de nouveaux Rebatet voudraient nous voir célébrer dans la joie et l’allégresse sous les fastes d’une République devenue despotique. Nationalisme, chauvinisme, prosélytisme ont produit trop de tueries, trop de massacres. Il est temps de les remiser au musée des horreurs, les montrer pour ce qu’ils sont, tirer les leçons de ces périodes barbares au cours desquelles ils ont soutenu des politiques racistes, impérialistes et guerrières dont les fondements n’étaient jamais que l’enrichissement de certains, un petit nombre, au détriment d’autres, une multitude.

On sait pertinemment aujourd’hui quelle population est visée aveuglément par ces « grands débats nationaux », celui de l’identité nationale et celui du port de la burqa et du niqab, jetés dans le même panier, au même moment, dans la même confusion et le même amalgame.

Le constat que la résistance au vaccin de la grippe a été le fait de 93% des habitants de ce pays, pourcentage que l’on rencontre un peu partout au monde, est un signe encourageant, un signe de bonne santé mentale, de bonne santé politique. Les populations résistent aux manipulations des pouvoirs, aux stigmatisations, aux commandements, aux mots d’ordre, à l’Ordre en un mot. Elles affichent un sourire mi-désolé, mi-goguenard mais bien senti, bien réel, histoire de dire : « On n’y croit pas à ces conneries. Allez vendre votre camelote aux crétins. Il doit bien en exister parmi vous. Tout ça, c’est du vent. La présidente de l’O.M.S. a avoué qu’elle ne s’était pas fait vacciner. Pas folle. Nous, nous avons vu Bachelot se faire piquer, et nous avons bien ri. »

Il y a des résistants partout au monde, en Chine, en Iran (qu’on se précipite voir les « Chats (shahs) persans » de Bahman Ghobadi, film tourné clandestinement à Téhéran et qui vient de sortir sur nos écrans). Partout, dis-je, il existe des résistances à l’abrutissement, aux intégrismes de tous poils, des résistances à l’asservissement, aux formules toutes faites qui voudraient nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Voilà donc enfin une bonne nouvelle, la meilleure de l’année finissante. Voilà de quoi nous rassurer : nous ne sommes pas si endormis qu’on voudrait nous le laisser croire, nous n’avons pas développé cette « peur » qu’on nous ressert avant chaque élection, dont on nous revêt comme d’une carapace qui nous empêcherait de penser, de juger, d’accepter ou de refuser en toute connaissance de cause. Bref, nous avons encore le sens des réalités et nous savons décider du vrai, du vraisemblable et du mensonger.

Alors, nous pouvons entrer dans la nouvelle année plus tranquilles. Il nous restera la taxe carbone (le Conseil constitutionnel vient d’en annuler le projet, les industries les plus polluantes n’y étant pas, comme par hasard, assujetties) et d’autres goguenardises qu’on nous concoctera. Et qu’il faudra payer, bon gré, mal gré comme nous paierons toutes ces doses de vaccin inemployées et promises à l’égout. Elles auront cependant largement profité à l’industrie pharmaceutique, ce qui était l’unique but de cette campagne pas si bien orchestrée que cela. Seuls les gouvernants y ont cru, ou, pire, ont feint d’y croire pour nous berner ou tâter le terrain de notre crédulité.

Le miroir aux alouettes n’a pas fonctionné. D’autres nous attendent. Restons vigilants. Restons résistants.

Bonne année 2010 !

Patrice Bérard, le 30 décembre 2009

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