Chronique des temps barbares
Café Littéraire de la Terrasse - Chronique des temps barbares (29)

Ne me dites pas que cela vous troue le cul !

André et monsieur Servier se sont réconciliés en jouant une parodie du Malade imaginaire de Molière. Pour combien de temps ? Nous le saurons en les écoutant discuter.

Servier : As-tu vu, André, que notre Dominique Trousse-Con veut faire interdire de parution un ouvrage édifiant sur lui-même, l’une de nos élites politiques, écrit par une Marcella Iacub au nom plus que douteux qui ne sent pas sa bonne chrétienne ?

André : J’ai vu, j’ai vu, entendu, sur-entendu… Dès qu’on parle de cul, le moindre des évêques dresse l’oreille, et pas que l’oreille…

Servier : C’est un livre, même interdit mais pas tout à fait encore, c’est un livre. Tu devrais être aux anges. Toi qui aimes les livres.

André : Pas tous. Ça sent la couille et l’ovaire, ce type de bouquin. Du vent, du pet, bien placé, bas, raz des fesses et de l’œillet. Ce n’est pas un livre même si ça lui ressemble : des pages imprimées, de la colle, une couverture et de la publicité, gratis pro deo. Le scandale, ça fait vendre. Le cul, ça fait vendre. Ce n’est pas de la littérature. C’est du business…

Servier : Tu me fais de la peine mon gentil André. Tout est du business. Les couilles de Dominique valent bien les bains de siège de Rika Zaraï. Ce sont leurs couilles et leurs fesses. Et grâce à Internet, le cul est à la portée de toutes les bourses.

André : Desquelles parlez-vous ?

Servier : De celles que tu entendras. Je te rassure, celles de Dominique ne me tracassent guère. A vider celles de ses concitoyens lorsqu’il était ministre des Phynances puis directeur du FMI et nanti de son bâton à merdre, il a dû en gagner une bonne demi-douzaine, de couilles, voire plus encore, de toutes tailles et pour toutes les occasions. Il n’y a pas d’autre explication. Foutre ainsi tant de cons, nuit et jour, sans relâche, femme, maîtresses, rencontres de passage, putes de luxe, je dirais plutôt de luxure, Cialis, Viagra, poudre de cantharide ou de rhinocéros, poivres et piments n’y suffiraient pas. Trousse-con, c’est le Surmâle d'Alfred Jarry, le Rock Bailey de Boris Vian, l’homme qui n’est plus qu’une bite turgescente et toujours prête à fourrer tous les coinstaux bizarres qui passent à sa portée…

André : Ce n’est plus de l’éloge, c’est une apologie, la glorification du fouteur…

Servier : Eh quoi ! Une bite, c’est une bite, un con, un con et un cul un succédané de con dont on peut être friand. Tout est affaire de goût et le goût cela ne se commande pas. Tousse-con aime les cons. Les cons aiment Tousse-con. Ils étaient tous prêts à voter pour lui lorsqu’il fut empêché par une toute petite affaire de trousse-servante. Tu as bien lu Sade et son roman inachevé « Les cent-vingt journées de Sodome » ? Il y met en scène un juge, un aristocrate, un évêque et un banquier. Eh bien ! Trois siècles plus tard, ils sont toujours présents, toujours aussi couillus, bandants comme des cerfs tant qu’ils peuvent trousser leurs justiciables, manants, ouailles et emprunteurs. Et quand ils ne bandent plus d’avoir trop bandé, trop foutus, ils torturent, ils tuent. C’est la dure loi du pouvoir. Ils ont pléthore de serviteurs prêts à leur ouvrir la braguette ou leur passer le couteau. Pourquoi crois-tu qu’ils ont engagé tant de fonctionnaires en France ? Ils sont intouchables depuis Napoléon 1er, irresponsables et protégés par leurs hordes de valets tout aussi irresponsables qu'eux. Il est normal qu’ils se défendent quand leur honneur est en jeu.

André : Vous allez défendre le fouteur ?

Servier : Bien sûr ! Pense qu’il est «  horrifié » par ce qu’on dit de lui dans cet ouvrage « qui n’a d’autre objet que mercantile ». La braguette, il connaît, l’amour de l’argent, le pouvoir, il connaît. On le frustre de ses attributs, on les lui reproche comme s’il était un vulgaire pékin. Ce n’est pas supportable. Un dirigeant a tous les droits. Il doit pouvoir foutre tous ses sujets, les uns après les autres, les valets comme les opposants, les petits comme les grands… Enfin… il doit tout de même me ménager. Je ne suis plus trop jeune. Et j’ai foutu comme eux parce que je suis comme eux. Je ne peux leur en vouloir parce que je ne peux m’en vouloir. J’ai fait mon devoir. Ils font le leur, ils vous baisent tous !

André : Je m’en suis aperçu.

Servier : André. Tu n’es pas qu’un simple dégât collatéral. C’était ton devoir de te faire baiser, de te laisser te faire baiser. N’importe comment, tu n’avais pas trop le choix. Où que tu te tournes, tu tournes toujours le dos à quelqu’un. Alors, le quelqu’un en question en profite. Il fallait laisser ton cul à portée de tes yeux. Pas de chance. Il te tourne le dos et donc, tu l’auras toujours dans le dos !

André : …

Servier : Tu restes sans voix. C’est normal. On te fourre par derrière et on te fourre par devant. La bouche pleine, tu ne peux plus t’exprimer. Ça te la coupe !

André : Vous êtes déprimant monsieur Servier !

Servier : J’ai tout ce qu’il te faut pour soigner ta déprime et t’endormir. Ma petite entreprise marche toujours très bien. Un de mes cachets et tu t’en vas au pays de Morphée. Un discours d’un de nos tenants du pouvoir, une illusion, un vote et tu t’en vas au pays de morflée. En confondant l’un et l’autre, qu’une petite consonne a fait dérailler…

André : Vous ne changerez donc jamais, monsieur Servier.

Servier : Pourquoi changer quand cela marche. On ne change pas une équipe qui gagne et nous gagnons à tous les coups, au grattage comme au tirage. Et pour ce qui est de tirer, il tire notre Trousse-con, il tire sur tout ce qui bouge et qui porte un jupon. Il tire plus que les autres, plus que Mitterrand, plus que Chirac ou Giscard, plus que l’évêque ou l’archevêque, il tire comme un pape, il tire comme un prince, un roi, un empereur, un dieu. Il va falloir que je m’enquiers de sa formule. Comment fait-il ? Cela me dépasse. A son âge ! Sa formule, mon royaume pour sa formule…

André : N’était-ce pas plutôt un cheval ?

Servier : Le cheval a mauvaise presse en ce moment… Je ne vois pas d’ailleurs pourquoi. As-tu vu comme il bande, le cheval ? On lui croirait une cinquième patte.

André : Votre discours ne me semble rivé qu’en dessous de la ceinture.

Servier : C’est ce qui plaît. La bite, le con, le cul, les poils, pas trop qu’on puisse voir. Et pendant que vous matez les images en vous branlant le manche ou le bonbon, on baise et on vous baise. On vit une époque formidable, non ?

André : Vous, monsieur Servier, citer Reiser !

Servier : Et pourquoi pas Coluche : « Salut les enfoirés ». Tu vois, il ne s’était pas trompé. Il vous a toujours traités comme vous le méritiez.

(à suivre…)

Patrice Bérard, ce 26 février 2013

Retour au menu des chroniques
Chronique suivante
Chronique précédente
Retour au menu principal