Café Littéraire de la Terrasse - Archives des rencontres
Samedi 8 décembre 2012
Rencontre avec Laurence Cirba, dramaturge (47ème rencontre)
Samedi 15 septembre 2012
Rencontre avec Frank Deroche, écrivain romancier (46ème rencontre)
« Lorsque j’écrivais, je n’étais jamais dans le monde du sommeil ni dans celui du rêve, mais dans un crépuscule, dans une
obscurité funèbre, une angoisse sans nom ni mesure. La vie n’était alors qu’une apparence, pareille à ces couleurs qui bougent
devant vos yeux quand ils ont fixé trop longtemps le soleil. » (Euphorie, p. 196)
Frank Deroche a choisi d’écrire, il a choisi d’être écrivain, romancier, et d’en vivre. « J’écris chaque jour, dit-il,
comme on va au bureau. »
L’ordinateur posé sur les cuisses, il écrit le matin pendant deux heures d’affilée, puis l’après-midi, pendant deux autres
heures. Quand il n’écrit pas, il vaque et se détend car écrire est, pour lui, un acte au cours duquel il se délite.
Il y a quelques mois, il a postulé pour résider pendant quatre mois au sein de la Maison des écritures à Neuvy-le-Roi,
un presbytère en plein cœur du village, et sa candidature a été retenue. Tel un ermite, il y écrit le troisième volet
de sa trilogie commencée avec « Bio » (Gallimard, 2011) et poursuivie par « Euphorie » (Gallimard 2012).
Dans ces deux derniers romans, il aborde les sujets qui fâchent dans nos sociétés hyper-médicalisées, millénaristes
ajouterais-je, où l’apparence, la santé, la vie éternelle ou quasi ne sont guère qu’un miroir aux alouettes où ces corps malmenés,
martyrisés par l’âge ou la maladie se heurtent brutalement, pour y souffrir, y mourir, ou encore survivre par erreur,
oubliés par Dieu, pilules vertes, jaunes, bleues ou non.
Frank Deroche décrit ces naufragés ballottés entre leurs angoisses, leurs désirs, leurs dégoûts, leurs remèdes miracles
en utilisant le « je » de la narration, un « je » engoncé dans son mal-être, riant ou faisant rire parfois
comme on rit au repas de funérailles, après que les larmes ont séché sur les joues, nécessaire réparation de la douleur
qui les ont générées.
Un style lisse et rodé qu’aucun dialogue ne vient troubler, où chaque mot est pesé, chaque image ciselée, un régal pour les sens.
Frank, merci d’avoir passé ce moment à nous faire entrer dans le monde de ton écriture. Reviens quand tu veux.
Samedi 17 décembre 2011 à 16 heures
Rencontre avec Max Fullenbaum à l'occasion de la réédition de « MOHAIR »(45ème rencontre)
Dans un espace rénové, Max Fullenbaum est venu parler de « Mohair », poème de 144 pages qu'il écrivit en trois jours, dans une quasi-transe,
en 1993, poème réédité en ce mois de décembre, l’édition originale se trouvant épuisée depuis des années.
« La mohair , écrit-il, relie le mot à la mort. Dans le mot « mot » se loge un « r », la lettre ajoutée par le manque. Il faut prononcer ce mot, mohair, à haute voix pour l’entendre désigner, tout à la fois, un conquête de l’air et une nouvelle et inédite façon de mourir. »
Ce néologisme fut créé pour désigner la « Shoa », shoa par balle, shoa par gazage, shoa par tous les moyens mis en œuvre par le régime nazi pour exterminer des populations entières. La mort industrielle, avec en fond, le défi lancé à l’assertion qu’on ne pourrait plus écrire de poésie après Auschwitz.
Max Fullenbaum fut un enfant caché. Il doit la vie aux Justes d’un petit village d’Ardèche qui, comme ceux de Trôo qui l’ont fait pour d’autres enfants, l’ont protégé et soustrait à la barbarie nazie. Le père de Sylvie, sa compagne, résistant, mourut sous la torture pendant cette même guerre. Tous deux sont des survivants,
des écorchés que la monstruosité a rendu orphelins.
L’émotion submergea Max Fullenbaum lorsqu’il parla de la perte de l’« umlaut », le trémat, qui surmontait le « ü » de son nom, le visage de son père se faisant alors présent.
Cet umlaut perdu, Max Fullenbaum le porta sur le toponyme "Aüschwitz", signifiant ainsi que rien, après la shoa, ne serait comme avant.
« Mohair » est ce témoignage, cet hommage rendu aux victimes de cette « nouvelle et inédite façon de mourir ».
Mais il est aussi une autre façon d'écrire, sonore et visuelle, qui déchire les phrases en mots, qui déchire les mots en cris,
des mots privés du sens commun, un sens qui s'obtient non par raison mais par constat, au long des pages, dans la stupeur, l'étonnement, c'est à dire frappant
comme un coup de tonnerre, une autre façon d'écrire visuelle, l'ombre des mots gravés sur les pages suivantes et précédentes s'affichant
sur les pages en cours de lecture.
Le soir rendit par la fête rires et sourires. Max et Sylvie fêtaient leurs noces d’or avec leurs amis.
Samedi 22 octobre 2011 à 16 heures
Rencontre avec René Naba, journaliste, essayiste, ancien correspondant de guerre dans la sphère arabo-musulmane :
« La France face aux rebelles arabes »(44ème rencontre)
Samedi 24 septembre 2011 à 16 heures
Rencontre avec Gérard Macé, écrivain, poète, essayiste, photographe, traducteur (43ème rencontre)
Sous une forme aphoristique, Gérard Macé dans son dernier ouvrage, Pensées simples, tisse ses phrases et ses mots,
chaque image nouvelle, chaque pensée nouvelle prenant appui sur la précédente ou bien encore la contrariant, et de cet ordre apparent, ou de ce dédale,
naissent, montent, comme un murmure mais un murmure bien sonore car il broie au passage bien des idées préconçues avec l'ironie
discrète mais bien aiguisée qui est la sienne, le fond, les fonds présents dans toute son oeuvre, son amour de la
langue et des langues, des cultures, sans ostracisme, sa passion pour des littératures, pas n'importe lesquelles, des poètes, pas tous, des peintres,
quelques uns, des photographes, bien ciblés, avec sensibilité et justesse. Gérard Macé est un écrivain mais c'est aussi un lecteur, un décrypteur, un traducteur qui entre dans le
monde fantasque des autres et vous le fait partager.
Il est toujours impressionnant de rencontrer un auteur dont on a lu quelques oeuvres avec le plus grand plaisir. D'une certaine
façon, on est à l'abri derrière ses livres. On prend, on absorbe comme on veut, quand on veut, dans sa présence absente. « Le livre est un passeur qui introduit le lecteur dans sa
propre intériorité » écrit la philosophe Marie Kuhlmann. Et soudain, lorsqu'on rencontre l'auteur, il vous découvre un visage,
une allure, un timbre de voix, une compagne, des amis, il devient de cette réalité ordinaire qui sort totalement de l'ordinaire.
J'ai été très heureux de rencontrer Gérard Macé dans ma petite librairie à Trôo en ce mois d'août et je l'ai été plus encore
de vous le faire rencontrer ce samedi 24 septembre.
Gérard Macé a publié, entre autres :
La repoétique (avec Saint-Pol-Roux, Rougerie, 1971)
Le Jardin des langues (Gallimard, 1974)
Les Balcons de Babel (Gallimard, 1977)
Ex-Libris (Gallimard, 1980)
Leçon de chinois (Fata Morgana, 1981)
Rome ou le firmament (Fata Morgana, 1983)
Bois dormant (Gallimard, 1983)
Où grandissent les pierres (Fata Morgana, 1985)
Les Trois Coffrets (Gallimard, 1985)
Le Manteau de Fortuny (Gallimard, 1987)
Sur le heurt à la porte dans "Macbeth" (avec Thomas de Quincey, Fata Morgana, 1987)
Le Dernier des Égyptiens (Gallimard, 1988)
Les Petites Coutumes (Fata Morgana, 1989)
Choses rapportées du Japon (avec Pierre Alechinsky, Fata Morgana, 1990)
Vies antérieures(Gallimard, 1991)
Alechinsky à livre ouvert (Cahiers d'art contemporain, 1992)
La forêt qui se met à marcher (avec Raja Babu Sharma, Fakir Press, 1992)
La mémoire aime chasser dans le noir (Gallimard, 1993)
Choses rapportées du Japon (Fata Morgana, 1993)
Cinéma muet (Fata Morgana, 1995)
L'Autre Hémisphère du temps (Gallimard, 1995)
Le singe et le miroir (avec Jean-Jacques Ostier, Fata Morgana, 1994)
La Chasse des dames (Éditions La Pionnière, 1996)
L'imaginaire d'après nature (avec Henri Cartier-Bresson, Fata Morgana, 1996)
Rome, l'invention du baroque (Marval, 1997)
Un roi sans couronne (Éditions La Pionnière, 1997)
Le Signe et le Miroir (Le temps qu'il fait, 1998)
Colportage I, Lectures (Le Promeneur, 1998)
Colportage II, Traductions (Le Promeneur, 1998)
L'Art sans paroles (Le Promeneur, 1998)
Henri Cartier-Bresson, photographies (Galerie Claude Bernard, 1999)
Philibert-Charrion (Galerie Capazza, 2000)
La Photographie sans appareil (Le temps qu'il fait, 2001)
Images et signes - lectures de Gérard Macé (Le temps qu'il fait, 2001)
Un monde qui ressemble au monde (Marval, 2001)
Colportage III, Images (Le Promeneur, 2001)
Un détour par l'Orient (Le Promeneur, 2001)
Henri Cartier-Bresson, Landscape, Townscape (avec Erik Orsenna, Thames & Hudson, 2001)
Leçons de choses (Éditions La Pionnière, 2002)
Le Goût de l'homme (Le Promeneur, 2002)
Sirènes et mannequins (Serendip, 2002)
Bois dormant et autres poèmes en prose (Fata Morgana, 2002)
Mirages et solitudes (Le temps qu'il fait, 2003)
L'âge de fer (Saint-Etienne, 2003)
Une bouteille à la mer (avec Richard Texier, Serendip, 2003)
Illusions sur mesure (Gallimard, 2004)
Odalisques, promenade alanguie à travers l'histoire de la photographie (avec Alain d'Hooghe, Yeuse, 2004)
Labyrinthe avec chambres (La Pionnière, 2005)
Pentti Sammallahti (Actes Sud, 2005)
Ethiopie, le livre et l'ombrelle (Le temps qu'il fait, 2006)
Absentes de tout bouquet (Éditions La Pionnière, 2006)
Deux anges de l'oubli (Éditions La Pionnière, 2006)
Je suis l'autre (Le Promeneur, 2007)
Filles de la mémoire (Gallimard, 2007)
Lucy Vines, oeuvres sur papier (avec Alain Madeleine-Perdillat et Alain Lévêque, William Blake & Co, 2007)
Pierres de rêve suivi de Absentes de tout bouquet (Éditions La Pionnière, 2007)
Emblèmes et enseignes - peintures murales au Bénin (Éditions La Pionnière, 2008)
Denis Laget, choses diverses (Panama, 2008)
Promesse, tour et prestige (Gallimard, 2009)
Pensées simples (Gallimard, 2011)
Sur Gérard Macé :
Encres orphelines, Pierre Bergougnioux, Gérard Macé, Pierre Michon, par Laurent Demanze(Éditions José Corti, 2008)
Gérard Macé, l'invention de la mémoire par Laurent Demanze (Éditions José Corti, 2009)
Samedi 28 mai 2011, Rencontre avec Francis KLOSS, Rudolf Steiner, l'homme et l'œuvre.(40ème rencontre)
Rudolf Steiner est né en 1861. C'est un philosophe autrichien passionné par les sciences. Il fit paraître des essais
sur Nietzsche, sur Goethe, sur la pensée en général et le court extrait de sa bibliographie, ci-dessous, en est le reflet.
il approcha les milieux artistiques, "le Cavalier Bleu", le "Bauhaus" en Allemagne, rencontrant et fréquentant Kandinsky.
Professeur de philosophie, infatigable conférencier,
après avoir ralié le mouvement de la théosophie, il créa, en 1912, la Société Anthroposophique puis, en 1923, la "Société
Anthroposophique Universelle".
C'est un personnage tout à fait singulier. Son "agriculture bio-dynamique" est toujours en usage auprès de quelques agriculteurs chez
lesquels elle donne des résultats tout à fait surprenants.
Monsieur Francis Kloss est un scientifique passionné par l'homme et l'œuvre. Il est complexe d'entrer d'emblée dans l'œuvre de
Rudolf Steiner. Aussi est-ce par sa biographie qu'il l'a abordée. Résumer cette conférence est une gageure semblable à celle qui
consisterait à résumer l'oeuvre de Rudolf Steiner. Pour la comprendre, ou du moins pour en comprendre les enjeux, Francis Kloss
a choisi, à juste titre, de poser la problématique suivant Steiner de la connaissance à l'aune de la liberté. "Ne croyez pas ce que je vous dis,
vérifiez-le." Francis Kloss rappela qu'Albert Einstein rédigea un éloge plaçant Rudolf Steiner parmi les plus grands penseurs du
vingtième siècle naissant. La conférence ne dura pas certes plus d'une heure, mais pendant les deux heures qui suivirent, Francis Kloss
répondit aux nombreuses questions de la salle pour le plus grand plaisir et le plus grand intérêt de tous.
Rudolf Steiner a publié, entre autre : Introduction aux oeuvres scientifiques de Goethe (1884-1887), Une théorie de la
connaissance chez Goethe (1886), Philosophie de la liberté (1894, 1918, 1921), Friedrich Nietzsche, un homme en lutte contre son
temps (1895), Goethe et sa sonception du monde (1897), Mystique et Esprit moderne (1901), Le Christianisme et les Mystères antiques (1902),
Théosophie (1904), l'Initiation, Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs (1904-1905),
La chronique de l'Alaska (1904-1908), les degrés de la connaissance supérieure (1905-1908), la science de l'Occulte (1910),
Quatre Drames-Mystères (1910-1913), Les Guides spirituels de l'homme et de l'humanité (1911), Un chemin vers la connaissance de soi (1912),
Le seuil du monde spirituel (1913), Les énigmes de la Philosophie (1914), Pensée durant le temps de Guerre (1915),
Les énigmes de l'homme (1916), Des énigmes de l'âme (1917), L'esprit de Goethe, sa manifestation dans Faust et dans le Conte du
serpent vert, Fondements de l'organisme social (1919, 1915-1921), Philosophie, Cosmologie et Religion (1922), Les lignes
directrices de l'anthroposophie (1924-1925), Données de base pour un élargissement de l'art de guérir (1925), Autobiographie (1923-1925),
Agriculture, fondements spirituels de la méthode Bio-dynamique (1924), ainsi que de très nombreuses conférences (6000).
Samedi 9 avril 2011, Du vécu à l'écrit, Rencontre avec Michel Gutel, auteur de Ruptures d'enfance (39ème
rencontre).
Michel Gutel est psychologue. Il réside à deux pas de Trôo, aux Roches-L'évêque. Il a écouté des enfants, des enfants de la Région parisienne,
il a emmagasiné leurs
paroles pendant des années en les inscrivant sur des carnets. Et puis il a porté, pendant des années, le projet de les rapporter. Un jour, ce projet prit corps et
il passa à l'écriture. En trois mois, ce qui allait être "Ruptures d'enfances" avait pris corps. Un éditeur reçut le tapuscrit avec
enthousiasme, lui fit quelques remarques et, après que Michel Gutel y porta quelques menues retouches, le publia.
La forme est au service du fond. Pour porter ce fond, il y faut mettre les formes. Et ce n'est pas si simple... Un rien fait basculer
dans le champ de l'anecdote, un autre dans le champ du récit, un autre encore dans celui du roman.
En ce sens, Michel Gutel, avec ce premier ouvrage, réussit un tour de force, porter les paroles de ces enfants, ainsi qu'il le
désirait, sans jamais tomber dans le pathos, le sordide ou l'insoutenable. Tout reste en demi-teinte, par petites touches qui
frappent sans blesser. Le fond est bien là, présent, celui porté par nos sociétés qui désirent le bien de tous mais parfois au
détriment du bien de certains.
Ruptures d'enfances a été publié par Chant d'Orties. L'ouvrage a été illustré par Gaëtan Dorémus.
Samedi 18 décembre 2010, les textes primés du concours organisé
par « Brouillons de Lecture » et quelques autres remarqués, lus par leurs auteurs ou par ceux qui
les représentèrent (38ème rencontre)
Le concours de nouvelles organisé par « Brouillons de Lecture » est ouvert à tous. Il est national et il a lieu
chaque année. Le récit est libre mais il comporte quelques contraintes, en nombre de pages, en sujets abordés. Écologie et
développement durable en étaient, et cette phrase qu'il fallait développer ou placer : « Demain, entre mes mains ».
Ont été lues les nouvelles suivantes :
- Le cuisinier fou, Sevan Belian (vainqueur catégorie collège)
- En tête à tête, Toinon Debenne (vainqueur catégorie lycéen)
- Entre les mains de Cassandre, Séverine Mercy (vainqueur catégorie adulte)
- Pour demain, Marion Souillard
- Trois nouvelles, Yves Minois
- Conte à dormir debout, Patrice Bérard
Ce fut une soirée fort agréable où gastronomie et lectures se succédèrent tranquillement, des hors d'œuvre au dessert, réchauffant
cœurs et corps. Le cuisinier fou fut vivement applaudi. La plume de ce jeune écrivain de 15 ans est prometteuse. Les
autres nouvelles n'en furent pas moins vivement saluées comme leurs auteurs, présents ou non. Avant de se quitter, la mi-nuit
s'approchant, on se promit d'organiser
chaque année la lecture de ces textes au Café Littéraire de la Terrasse.
L'initiative de cette soirée est due à Monsieur Côme Fredaigue. Qu'il en soit ici remercié ainsi que sa charmante équipe.
Samedi 9 octobre 2010, La filiation philosophique de l'antisémitisme et du racisme ordinaires d'Alain (Émile Chartier, 1868-1951) à Jean-Paul Sartre, par Patrice Bérard avec l'aimable participation de
Côme Fredaigue. (37ème rencontre)
Sous ce lien, vous trouverez le résumé complet de
la conférence ainsi qu'en annexe quelques textes sur le sujet extraits de livres et documents divers dont nombre d'entre eux
étaient à l'usage de la jeunesse. C'est ainsi que l'on formait les jeunes têtes (et les moins jeunes) au racisme ordinaire voire
au racisme militant et guerrier.
Samedi 25 septembre 2010, Jean Cocteau ou la naissance d'un poète, par Madame Monique Bourdin, docteur es lettres, assistée de
Monsieur Jacques Dahuron, lecteur. (36ème rencontre)
Jean Cocteau est né en 1889 dans une famille bourgeoise. Il se veut poète et publie son premier
recueil de poésie en 1909, « La Lampe d’Aladin », puis un deuxième en 1910, « Le Prince Frivole » du surnom dont on l’a
affublé dans certains salons parisiens. Il reniera d’ailleurs ce dernier ouvrage et fera détruire tous les exemplaires invendus.
Ses rencontres avec Diaghilev, Stravinsky, Rolland-Garros, Apollinaire, Picasso, Max Jacob et tant d'autres lui feront prendre un toute nouvelle orientation.
C’est de cette période de la vie de Jean Cocteau, peu connue, dont nous a entretenu Madame Monique Bourdin.
Samedi 28 août 2010, Josue de Castro, le parcours d'un humaniste engagé, par Anne de Beer et
Gérard Blanc (35ème rencontre).
Josue de Castro fut médecin, enseignant, géographe, anthropologue, sociologue, homme politique, écrivain,
il fut un militant passionné et un théoricien dans la lutte contre la faim dans le monde,
il fut Président de la FAO (Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture) qu’il dirigea de 1951 à 1955,
il écrivit enfin deux ouvrages qui le firent connaître dans le monde entier, « Géographie de la faim » en 1946 et
« Géopolitique de la faim » en 1951.
Les thèses qu’il développa sont toujours, un demi-siècle plus tard, d’une brûlante actualité.
S'il quitta la présidence de la FAO, c'est qu'il comprit que l'organisme en question n'avait aucun pouvoir.
Sa grande originalité est d'avoir revisité l'Histoire sous l'angle de la faim et des remèdes que les populations humaines
y ont apporté pour la vaincre ou encore pour être un instrument de domination économique et politique.
Merci Anne et merci Gérard de nous avoir fait revivre avec des documents sonores cette haute personnalité injustement,
aujourd'hui, oubliée.
Samedi 29 mai 2010 en soirée, Guy Allix et Olivier Mélisse, poésie et musique
Glennmore (34ème rencontre).
Guy Allix, avec son comparse Olivier Mélisse, a développé un concept tout à fait original qui allie poésie déclamée et
musique. Guy Allix déclame ses poèmes, dont le remarquable « Nord », il déclame René Char ou Villon sur des fonds de
musiques adaptées pour la plupart du folklore breton, des musiques choisies avec soin, de telle façon que le rythme des vers,
que la couleur des accords soient en relation, en concordance ou en contrepoint avec les textes qu’il récite.
Une performance tout à fait originale qu’il faut saluer en tous points, car la poésie est un art qui doit être défendu et
le fait de la faire vivre et revivre de cette façon permet de l’aborder sous un angle différent.
La voix reste en surplomb. La musique la porte, la soutient, lui donnant épaisseur et couleurs.
Bravo Guy et bravo Olivier pour cette soirée hors du commun.
Samedi 22 mai 2010, Rencontre avec Jean-Pierre KLEIN, Cet étrange désir d'écrire du théâtre
(32ème rencontre)
Jean-Pierre Klein est le fondateur de l’Institut National d’Expression, de Création, d’Art et de Transformation,
INECAT, dont il définit ainsi le projet :
« La médiation artistique auprès de personnes en difficultés et l'art-thérapie ajoutent à l'art le projet de
transformation de soi-même. L'art ajoute à la thérapie l'ambition de figurer de façon énigmatique les grands thèmes
de la condition humaine. La création - acte et résultat - peut permettre la transformation profonde du sujet créateur.
Derrière les différences personnelles et culturelles, il s'agit aussi de mettre au jour les conditions de l'acte créateur
et de la production créative, de percevoir les spécificités des médiations utilisées et de comprendre leurs impacts.
Face aux créations spontanées de la personne (symptômes, troubles du comportement, marginalisation, rêves, souvenirs)
l'art-thérapie, plutôt que de procéder à une analyse comme en psychothérapie traditionnelle propose la création
d'autres formes complexes : peinture, musique, écriture, improvisation théâtrale, conte, clown, etc.
Il s'agit, en médiations artistiques comme en art-thérapie d'un accompagnement de ces créations dans un parcours
symbolique au service du développement de la personne vers un aller-mieux et un être davantage »
Samedi 21 novembre 2009 - La rumeur (suite)
Les Larmes oubliées de la Vologne - Rencontre avec Marie-Ange Laroche (31ème rencontre)
Résumé et commentaire de la rencontre
En 458 avant notre ère, Eschyle, avec ses trois drames constituant l’Orestie, se faisait le porte-parole du passage du traitement des crimes de sang par la Cité au lieu qu’ils l’étaient, auparavant, par les familles des victimes.
Ce transfert fit apparaître, avec ceux qui avaient pour charge de défendre l’accusé ou les intérêts des plaignants, le groupe de ceux que nous appellerions aujourd'hui les avocats, le juge d’instruction ou le ministère public.
Le témoignage, l’aveu étaient et sont toujours, parmi les moyens de parvenir à la Vérité en terme de faits reconstitués,
plausibles ou possibles. Les plaidoiries le moyen de défendre les positions des parties. Il s’en suivit un développement
formidable des arts de la parole, dans sa production comme dans son analyse.
La parole a ceci de particulier qu’elle transmet de la réalité, de la réalité vécue autant que de la réalité fantasmatique, et qu’en dehors de codes dont elle possède l’arsenal et d’indices situés en dehors d’elle, il est difficile, voire impossible, de déceler le vrai du faux.
En effet, le fait de dire « je suis médecin » ne préjuge pas de la véracité de l’assertion. Je puis affirmer « je suis médecin » et l’être, comme je puis affirmer « je suis médecin » et ne pas l’être. Les deux assertions sont semblables quant à la forme qu’elles adoptent. Rien ne les distingue a priori.
À ce premier constat s’ajoute le fait que toute situation de production de la parole met en scène un locuteur et un interlocuteur et que le récit, quel qu’il soit, véridique ou inventé, sera différemment exprimé suivant la position sociale de chacun des intervenants autant que des questions, des réponses, des silences, des gestes qui le ponctueront. Ainsi, un récit se fabrique, se module et change même de direction, au gré de la discussion, en acquiescements, dénégations, interrogations, insinuations, provocations, chantages ou violences.
L’affaire Patrick Diels, un jeune homme de seize ans, est éloquente à ce sujet. Deux petits garçons furent assassinés à Montigny-les-Metz en septembre 1986.
Trois personnes seront mises en garde à vue entre 1986 et 1987, et toutes trois avoueront le même double assassinat. C’en est nécessairement deux de trop. Quant à celui qui fut jugé et condamné, Patrick Diels, bien que revenu sur ses aveux avant son premier procès, il fut, à l’occasion d’un second procès, innocenté, un quatrième larron s’étant découvert le meurtrier possible mais qui ne sera pas jugé, ce dernier n’ayant pas avoué. Quatre versions pour un seul double assassinat ! On fabrique du coupable et le coupable peut se fabriquer lui-même.
L’affaire de la Vologne ou de la mort du petit Grégory, qui se produisit deux ans avant l’affaire Patrick Diels,
est une autre illustration des pouvoirs de la parole. Ici, on fait parler une jeune fille de quatorze ans sous la menace
pendant qu’on l’a mise en garde à vue, on repousse trois témoignages non concordants avec les faits que l’on veut prouver,
on fait parler les écrits d’un ou de plusieurs corbeaux sans précautions, on fabrique un coupable commode sans trop se poser
de questions sur la façon dont on a obtenu les « aveux » de cette toute jeune mineure, sur la qualité des experts que l’on
avait commis avant même la désignation du juge d'instruction, puis on se décharge sur celui-ci pour l'ensemble de ses propres
maladresses, de ses propres bévues – et qu’importe si elles ont blessé ou tué – dues principalement à la précipitation
avec laquelle on avait agi de peur que l'affaire ne vous soit enlevée et confiée au SRPJ de Nancy comme ce fut le cas deux ans auparavant à propos d’une autre affaire.
Maladresses accumulées, on charge aussi la presse mais on l’utilise aussi au travers de l'un de ses porte-faix pour aiguillonner le père du petit Grégory, lui désigner les « coupables » afin qu'il se venge. Il est normal, lui répète-t-on, qu'un père venge la mort de son fils. Et le père est tombé dans le piège, et le père a tenté de piéger à son tour les deux premiers « coupables » qu'on lui a désignés sans y parvenir cependant. Il y parviendra avec le dernier, Bernard Laroche, le bon semble-t-il, car seul un coupable peut porter d'aussi grosses moustaches, et le tuera d’un coup de fusil sous les yeux horrifiés de Marie-Ange Laroche, sa femme, et de son frère.
Marie-Ange a conté les événements dont elle fut le témoin dans son livre, tout récemment paru aux éditions l’Archipel, « Les larmes oubliées de la Vologne ».
Elle y conte la façon dont son mari fut assassiné, elle y relate les méthodes des gendarmes pour obtenir ses aveux, mais
lesquels ? lorsqu’elle fut mise en garde à vue avec son époux. Elle y relate toutes les petites et les grandes fourberies,
les filouteries, les dérapages, les pressions, les truquages, les mensonges, les allusions, tout l’arsenal des méthodes pour
construire ces réalités torves, des plus sordides aux plus extravagantes et destinées à fabriquer du coupable.
Par ce livre, elle mène combat pour réhabiliter la mémoire de son mari aux yeux de ses enfants comme aux yeux du public.
Le coupable ? Les coupables ? Ce n’est pas son affaire mais celle de la justice qu’elle a saisie avant que la prescription
ne ferme définitivement le dossier de cette double tragédie.
Le public était venu assez nombreux assister à cette rencontre, informé de sa tenue par la presse régionale et par Internet. Trente deux sièges, c’est peu. Nombreux furent ceux qui l’écoutèrent debout.
Marie-Ange Laroche se prêta aimablement au jeu des questions - réponses. Elle put s’exprimer librement sans qu’on lui
coupât la parole comme je l’ai vu mercredi soir, sur Antenne 2, à l’émission de Guillaume Durand,
procédé courant lorsque l’on veut décontenancer celui à qui l’on parle et faire croire à ceux qui l'écoutent qu’il a répondu
totalement aux questions posées alors qu’il n’a pu fournir que des bribes d’explications ou de commentaires.
Bien d’autres questions furent posées lors de notre rencontre concernant notre justice et son état. Quelques malheureuses affaires l’entachent mais toutes, loin de là, ne mènent pas à ces fiasco.
On parla du juge d’instruction indépendant dont il est nécessaire de maintenir la mission malgré l’affaire d’Outreau. Car celle-ci ne doit pas faire oublier toutes les affaires correctement menées, beaucoup plus nombreuses, et nous pourrions dire innombrables.
On parla des interrogatoires des suspects ou des témoins dont il semble nécessaire qu’ils soient enregistrés afin de faire cesser les procédés d’intimidation et déceler aussi les mythomanes, et de la présence d’un avocat avant toute audition dans le cadre d’une garde à vue.
Il faut savoir faire des choix si l’on veut qu’éclate la Vérité. Elle est toujours reconstituée, sujette à caution, parfois même impossible à déterminer. Mais n’est-il pas préférable de voir un coupable dehors qu’un innocent en prison ?
Les écueils ne manquent pas et les petites guerres auxquelles se livrent parfois les média dans ces affaires, à qui publiera le premier des informations à sensation, n’arrangent rien et brouillent tout.
Vingt-cinq ans après l’assassinat de Bernard Laroche, on sent que les passions ne sont pas encore éteintes, qu’elle couvent sous la cendre. On prend encore parti sans savoir, sans attendre le résultat des analyses en cours. Et la langue et la plume se font flèches et arcs pour relancer de vieilles antiennes, toujours les mêmes, avec leurs deux camps, toujours les mêmes, ceux des pro- et ceux des anti-.
Le sang est sec, depuis longtemps poussière tandis que l’encre écorche encore le papier, comme au temps du ou des corbeaux, insinuant par-ci, dénigrant par-là.
Halte-là ! Il est temps que la parole et les esprits s’apaisent. On verra que dans le simple compte-rendu de cette rencontre, la réunion avec Marie-Ange Laroche et son
préfacier, Pascal Giovanelli au Café Littéraire de la Terrasse, publié dans la presse locale le lendemain du jour de sa tenue,
il y a quelques petites inexactitudes, beaucoup de réactions passées sous silence – l’article est bien court tout en étant
trop long – et tous ceux qui ont participé à cette rencontre, une quarantaine de personnes dont un ancien inspecteur du SRPJ
de Nancy que je remercie pour la pertinence de ses questions et de ses remarques, apprécieront comment on peut relater un
événement de manière quelque peu décalée, décadrée, sans avoir nécessairement pour intention de le dénaturer, mais tout de même,
en le déformant, en le viciant, en le vidant de son contenu pour l’emplir d’un autre, subjectif, tronqué, partial, à la limite de
l’honnêteté morale et de l’honnêteté tout court. Mais peut-être notre journaliste s’y endormit-il et chercha-t-il dans ses
rêves de quoi meubler ses quelques lignes…
Eh oui ! Cela fait partie des pouvoirs de la parole et notre journaliste en connaît les ficelles.
Les écrits s'envolent, les paroles restent, écrivait Eugène Ionesco.
Samedi 10 octobre 2009 - Antoine Bourdelle et Trôo, par Max Fullenbaum, Miren Arambourou-Mélèse
et Patrice Bérard (30ème rencontre)
Il y a quatre-vingts ans, le 1er octobre 1929, mourait au Vésinet un sculpteur français de renom, Antoine Bourdelle,
qui avait fait don à la commune de Trôo du monument aux morts de la Grande Guerre qui figure en bonne place
à côté de la Collégiale.
Max Fullenbaum, il y a quelques années, s'était enquis de l'histoire de ce monument auprès du service de la documentation et
des archives du
musée Bourdelle à Paris. Ce monument n'était pas qu'un hommage rendu aux soldats de la Grande Guerre. C'était
aussi une histoire d'amour entre Antoine Bourdelle et ce petit village, une histoire contée, dessinée,
patiemment, sur trois petits carnets, une histoire avec des secrets qui furent révélés ce samedi
10 octobre 2009, à 16 heures, avec la lecture de ces trois carnets et des suggestions pour associer plus fermement la
mémoire de ce grand homme et le village de Trôo.
Samedi 12 septembre 2009 - Les poètes en chansons, de François Villon à mercredi en 8,
par André Blanc (29ème rencontre)
André Blanc est un ancien de la radio et de la télévision. Il a assisté et a collaboré aux débuts de la télévision en France.
Il est un amoureux de la langue française et un amoureux de la (bonne) variété, celle qui a laissé son empreinte sur le siècle
avec ses Brassens, Brel ou Ferré. On se souvient que Prévert, Aragon ou Villon furent mis
en musique, mais se souvient-on que Genet ou Gilson et d'autres encore furent mis en musique ? André Blanc, jeune octogénaire
doté d'une mémoire prodigieuse, est venu nous le rappeler.
Dimanche 16 août - en avant première, a été projecté le film de Jean-Sébastien Lallemand et Frédéric Blin,
“Do we have an understanding?” avec Lao Yang, en présence de l'un des auteurs, Jean-Sébastien Lallemand (28ème rencontre).
Lao Yang a créé un engin à 3 roues et 2 moteurs. Il a déposé et enregistré les brevets de son invention auprès des
autorités de Tianjin (Chine), ce qui lui permet de voyager « librement » de province en province.
Accrochées au flancs de son invention, des bannières :
La première voiture économique à 2 moteurs !
Si un moteur patine, l'autre prend le relais.
Plus de 30 % d'économie d'énergie.
Ce film est une histoire d'amour, celle de Lao Yang, passe-muraille et esprit libre dans une société complexe.
Jean-Sébastien Lallemand et Frédéric Blin, avec une maîtrise quasi nulle du terrain et de la langue, à pas de tortue,
ont librement suivi les déplacements de Lao Yang . Un jour, ils lui ont demandé “Wo men dou shi ming bai ren”,
"Do we have an understanding?".
Lao Yang est chinois, né dans les années 50 près de Pékin.
Il a été, pendant la révolution culturelle, chanteur et danseur dans une troupe révolutionnaire.
Puis il a été marin, chauffeur de poids lourds, de bus, de taxis, vendeur de fruits et légumes, mécanicien et publicitaire.
À ses heures perdues, il est poète ; il a écrit plus de 2000 poèmes, non publiés à ce jour.
Samedi 25 juillet 2009 - Rencontre avec Jean-Michel LAMBERT (27ème rencontre)
Écrire aujourd'hui ou naissance, vie, mort et résurrections d'un livre
L'ancien juge d'instruction, Jean-Michel LAMBERT, se serait sans doute passé de l'extrême médiatisation qui exista autour de
son nom à l'occasion de l'affaire de la Vologne, autrement appelée « affaire du petit Grégory », qui éclata en 1984 et qu'il fut
en charge d'instruire. La part d'ombre, les coups-fourrés qui l'accompagnèrent sont sans doute à la mesure de ceux qui attendent
l'écrivain qui désire faire publier son manuscrit puis faire vivre son livre.
C'est donc dans une salle comble (certains même n'y avaient pas trouvé place assise) que Jean-Michel LAMBERT a résumé sa vie
d'écrivain, les motifs qui l'ont poussé à écrire afin de se reconstruire après cette affaire de laquelle il était sorti
profondément blessé. L'écriture comme remède, mais aussi l'écriture comme passion, une passion qui débuta lorsqu'il avait quinze
ans et une passion pour le roman policier qui, sous l'intrigue,
lui permet de décrire une société qu'il connaît bien, avec ses personnages glauques, tordus ou sincères, du malfrat au juge,
de l'avocat au policier ou au gendarme.
Jean-Michel LAMBERT a publié, entre autres :
Le petit juge, Éditions Albin Michel, 1987
Regards innocents, Éditions de la Tour, 1991
Le non-lieu, Éditions du rocher (1993)
Confession fatale, L'Aube, 2000
Purgatoire, L'Aube, 2000
Scrupules, édition hors commerce, préface de Léo Ferré, 2002
Mère Teresa et les petits sauvageons, Éditions A Contrario, 2004
Retour à Mathausen, chez Jean-Claude Gawsewitch, 2005
Un monde sans vérité, Éditions Pascuito, 2009
Samedi 11 juillet 2009 - Le roman noir aujourd'hui par Marie-Caroline Aubert (26ème rencontre)
Marie-Caroline Aubert, après avoir été lectrice pour le Seuil et Denoël,
chroniqueuse polars à l’émission Rive Droite Rive-Gauche sur Paris Première,
journaliste critique pour Elle, Le Nouvel Économiste, Le Monde des Poches, Marie-Claire,
être toujours traductrice de littérature anglo-saxonne (Donald Westlake alias Richard Stark, Ruth Rendell. John Sandford),
dirige actuellement le domaine de la littérature étrangère aux Éditions du Masque.
Le roman noir a su évoluer et s'est diversifié au cours des ans. Bien qu'il existe toujours une littérature noire ou
policière médiocre, ou du moins sans grand intérêt, de nombreux auteurs sont nés au cours de ces trente dernières années et
ont produit de petits chefs-d'œuvre, tant d'un point de vue stylistique qu'au fond. Il ne s'agit plus nécessairement de trouver
le « coupable » – l'est-il d'ailleurs seulement – mais aussi de suivre les différents personnages
dans les méandres des sociétés qu'ils fréquentent.
Ces nouveaux auteurs, parfois méconnus face à ceux qui bénéficient d'une publicité tapageuse imméritée, sont irlandais, nord-américains,
suédois. Marie-Caroline Aubert nous en a promis une liste, non exhaustive, qui sera portée dans quelques jours sous cette rubrique.
Samedi 20 juin 2009 - Rencontre et promenade avec Pierre Le Goff (25ème rencontre)
Réédition de la rencontre effectuée l'année précédente à même époque sur les plantes de la butte de Trôo
Pierre Le Goff fut médecin. Il est à la retraite depuis plusieurs années. Personnage haut en couleur, arborant barbe longue et chemises
fleuries, il fut et demeure un excellent botaniste.
Le temps nous fut favorable. Après la projection au cours de laquelle les plantes de la butte de Trôo furent présentées et
commentées par notre botaniste, nous sommes allés en rencontrer de nombreuses in situ. Las, bien des plantes sauvages
dont la plupart des orchidées, pourtant protégées, avaient péri sous la faux et les défoliants des cantonniers. Seules quelques unes, mais bien rares,
étaient encore visibles dans quelques endroits en friche.
Samedi 6 juin 2009 à 16 heures, L'autobiographie, une approche stylistique, politique et sociale (24ème rencontre)
Rencontre avec deux écrivains de la région, Victoria Horton dont l'ouvrage a reçu tout récemment les éloges du Monde des Livres.
et Michèle Demongodin-Huart sur le genre autobiographique.
Le genre autobiographique est un genre littéraire à part entière et nombreux sont les auteurs, anciens, modernes ou contemporains qui s’y sont adonnés.
Jean-Paul Sartre fit savoir que, de toute son œuvre, le texte qu’il préférait était « Les Mots », texte dans
lequel il décrivait, avec beaucoup de tendresse, sa mère et leurs relations. Simone de Beauvoir, avec ses « Mémoires d’une
jeune fille rangée » fut l’un des précurseurs des mouvements féministes et décrivait la société bourgeoise dans laquelle
elle était née, affirmant, haut et fort, que l’on ne naît pas femme, on le devient. Tout récemment, Claude Lanzmann, considérant peut-être qu’il était temps de conter sa vie exemplaire, publia ses « mémoires ». sous le titre « Le Lièvre de Patagonie ». Bref, le genre autobiographique se décline de multiples façons et ce n’est certes pas par manque d’imagination que l’on y trouve tremplin pour l’écriture.
Nos deux écrivains, Michèle Demongodin-Huart, avec « J’emmerde les voisins », et Victoria Horton, avec « Grand Ménage » avaient toutes deux publié très récemment, pour la première, certes des mémoires, pour la seconde, plutôt des épisodes de sa vie centrés sur son père et la femme de son père. Deux personnalités très différentes l’une de l’autre, deux plumes à l’opposé, l’une « brute de décoffrage » avec un texte de plus de quatre cents pages écrit en deux mois, l’autre soigneusement taillée, précise avec neuf petits textes élaborés patiemment au cours des quinze dernières années, deux écrivains qui, a priori, auraient pu avoir des discours tout à fait opposés, mais qui en fait possédaient des points de convergence plus nombreux que l’on ne pouvait se l’imaginer.
Ce fut donc une incursion plus qu’instructive sur ce genre littéraire que nos deux écrivains ont porté pendant une heure avec autant de brio, d’humour que de sincérité.
J'emmerde les voisins a été édité à compte d'auteur, chez Madame Michèle Demongodin-Huart, 7 impasse Guynemer à
Vendôme (41100), téléphone 02 54 72 54 37. On trouve son livre chez l'auteur et dans quelques (bonnes) librairies. On ne le trouvera donc pas à la FNAC.
Victoria Horton a publié « Grand Ménage » Aux Éditions Quidam.
Samedi 25 avril 2009 à 16 heures - Rencontre avec Max Fullenbaum,
La banlieue n'est pas un lieu, c'est une
distance - Présentation et dédicace (23ème rencontre)
Les trôoiens, et bien des habitants de la région, connaissent bien la figure de Max Fullenbaum, écrivain, poète,
dramaturge, critique d'art mais aussi génial organisateur de la fête du poteau en septembre 2003.
Max Fullenbaum a publié son dernier livre, « La Banlieue n'est pas un lieu, c'est une distance »,
conte philosophique, écrit au fil des années et des événements, et partagé en trois volets, Le Petit Livre des tagueurs ,
Titanic-banlieue, et L'Entonnoir. Il nous en a donné la primeur, ce samedi 25 avril, devant une salle comble et
comblée par sa performance.
« La démocratie est malade, écrit-il en introduction de son ouvrage, et je nomme sa maladie : la loi numérique qui engendre
la restriction, la réduction, la spécialisation, la petitesse des caractères, le nombre au poignet... En revanche, la vitalité
se trouve dans la banlieue qui, paradoxalement et sans qu'on le sache, défend l'être total qu'elle exprime sur des murs sans
nombre. Cette vitalité-là ignore la démocratie et ses règles. Elle est sourde et muette et n'enregistre, avec ses yeux, que
les rejets du pays. Elle voit que seuls les excès lui permettront d'atteindre la reconnaissance ».
Max Fullenbaum a publié, entre autres :
Le Petit Livre des Casseurs (1994, Editions
des Mille et Une Nuits, épuisé),
Mohair, le livre relié (2001, Voix Éditions, épuisé),
L'attaque du consommateur (1999, Éditions IDLivre),
Soft and Hard (sous le pseudonme de Bella Zoom, 2001, éditions iDLivre),
Titanic-banlieue (2003, Éditions Cent pages),
Neuf, ouvrage illustré de 14 dessins de Dominique le Tricoteur imprimé en typographie
(2006, Centre Vendôme pour les Arts Plastiques),
ainsi que de nombreux articles.
Samedi 4 avril 2009 - Rencontre avec Anne de Beer et Gérard Blanc (22ème rencontre)
Marin Mersenne (1588 - 1648), un mathématicien au temps de Galilée, dont les thèses affolent encore les ordinateurs les plus puissants
du monde.
Anne de Beer et Gérard Blanc, sur le fond de pièces musicales composées par Marin Mersenne, et avec l'aide de documents
projetés sur écran, nous ont fait, pendant plus d'une heure, entrer dans le monde de Marin Mersenne, personnage peu connu
en nos contrées mais auquel les petits américains rendent hommage depuis des décennies pour les nombres dont il a formulé
le principe : les nombres premiers. S'ils ne dépassaient guère dix chiffres il y a un siècle, ils dépassent trois mille pages
aujourd'hui.
Mais ce n'est pas la seule particularité que recélait ce Minime. Féru de sciences, avide de connaissance, il correspondit
avec plus de deux cents des scientifiques de son époque. Nos e-mails sont de loin bien moins sophistiqués que ne l'étaient
les siens, patiemment découpés, recomposés, individualisés avant d'être diffusés.
Marin Mersenne, à l'aune de son œuvre mais surtout cette gigantesque correspondance, est sans doute beaucoup plus proche
de nous que ne le sont ses illustres correspondants. Effectuons un léger retour en arrière..
Marin Mersenne naquit à Oizé dans la Sarthe le 8 septembre 1588, à 25 km environ de La Flèche et du Mans.
Né d’une famille paysanne, à seize ans, il demanda à ses parents de rejoindre le collège de La Flèche, tenu par les Jésuites.
Les études y sont gratuites pour y recevoir des étudiants sans fortune. René Descartes fréquenta le même collège, mais Mersenne
était son aîné de huit ans et ils ne se sont, à cette époque, sans doute guère fréquentés.
Ses études terminées, il prit l’habit de moine au couvent des Minimes, Place Royale à Paris, aujourd’hui Place des Vosges,
l’ordre le plus humble de tous.
Marin Mersenne, pendant qu'il était professeur à Nevers entre 1614 et 1619, s’intéressa aux mathématiques et à la physique.
Pascal lui attribue la première formulation du problème de la Cycloïde. Puis il retourna à Paris et hors quelques
incursions aux Pays-Bas, dans les provinces françaises et en Italie, il ne quittera guère la Place Royale.
Adrien Baillet, dans la Vie de Monsieur Descartes (1691), le décrit ainsi :
« C’étoit, l’homme de son siècle qui étoit en réputation d’avoir le meilleur cœur, le plus droit et le plus simple (…).
Jamais mortel ne fut plus curieux que luy pour pénétrer tous les secrets de la Nature, et pour porter toutes les sciences
et tous les arts à leur perfection. Peu de gens furent plus industrieux à satisfaire cette insatiable curiosité par des
expériences de toutes manières, par ses propres méditations, et par des relations continuelles qu’il avoit avec tous les
Sçavants et Curieux de l’Europe. Il s’étoit rendu comme le centre de tous les Gens de Lettres par le commerce continuel
qu’il entretenait avec luy. C’étoit à luy qu’ils envoyoient leurs doutes et leurs difficultez pour être proposées par son
moyen à ceux dont on attendoit les solutions ; et lorsqu’il les avoit reçûës il les leur renvoyoit faisant à peu près dans
le corps de toute la république des Lettres la fonction qui fait le cœur dans le corps humain à l’égard du sang. C’étoit à
luy qu’aboutissoient toutes les nouvelles de littérature pour les répandre ensuite par tout le monde sçavant.
On le consultoit sur tout ce qui est du ressort de l’esprit humain : on luy communiquoit tous les desseins afin qu’il en
facilitât l’exécution ; et il mettoit tout le monde dans les voyes. »
Bien des contemporains lui ont reproché d'être brouillon. Non ! Il faut se rapporter à l'époque et ne pas penser avec celles
qui lui ont succédé. Tout était alors à découvrir. Galilée et ses thèses (l'inertie) étaient à défendre. Il les défendit.
Descartes (on devient timorée lorsque le bûcher peut vous être promis pour vos écrits) était à défendre. Il le défendit. Jusqu'à Hobbes l'impie.
Marin Mersenne se défendait de vouloir en tirer gloire. Il désirait la vérité, pour lui, divine et n'œuvrait que pour elle,
combattant la Scolastique, les Naturalistes, les Déistes, les Cabalistes, les Astrologues, et tous ceux qu'il considérait comme
des charlatans.
Face à Descartes, l'homme a sans doute plus de profondeur et certainement beaucoup plus d'humilité que ce dernier :
« Donnez-moi l’étendue et le mouvement, écrivait René Descartes, et je construirai le monde » ; « Donnez-moi
des phénomènes, répliquait Marin Mersenne, et j’en trouverai toujours une raison mathématique, mais nous n’en connaîtrons pas mieux
la nature. »
Il fut aussi, avec quelques uns de ses contemporains, tels Hobbes, Gassendi, Roberval, Beeckmann, et avant même
Descartes dont on peut lire les prémisses de la Méthode dès 1634 dans ses écrits, à l’origine de la philosophie et
de la science modernes.
Quelques œuvres de Mersenne :
L’usage de la raison (1623)
L’analyse de la vie spirituelle (1623)
Quæstiones in Genesim (1623) – Questions dans la Genèse –
Observationes (1623) – Observations –
La Vérité des sciences contre les septiques ou Pyrrhoniens (1625)
Traité de l’Harmonie Universelle (1627) – sur la musique –
Questions inouyes, questions harmoniques, les questions théologiques, les méchaniques de Galilée, les Préludes de l’Harmonie
Universelle (1634)
Cogitata (1644) – Réflexions physico-mathématiques –
Novarum observationum Tomus III (1647) – Nouvelles observations physico-mathématiques, l’optique et la Catoptrique (1651)
Correspondance :
Douze volumes de l’importante correspondance avec les scientifiques et philosophes de l’époque ont été publiés par
les Presses Universitaires de France & les Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique entre les années
1940-1942 et 1962.
La correspondance de Mersenne avec les érudits de l’époque est impressionnante. Nous ne citerons ici que les plus marquants :
Galilée, Hobbes, Fermat, Roberval, Descartes, Pascal, Ruarus, Jean Rey, André Rivet, Peiresc, Constantin et Christian Huygens,
Florianus Crusius, Hevelius, Le Tenneur…
Samedi 7 mars 2009 - Rencontre avec Pierre Brulé : Voyage en pilosité grecque (21ème rencontre)
Sur un sujet quelque peu délicat, Pierre Brulé a su, avec sa gentillesse et son humour, captiver son auditoire qui est resté
rivé sur place pendant plus d'une heure et demie, avide de réponses aux questions qu'il se posait encore.
Pierre Brulé a collaboré à plusieurs ouvrages publiés par l'Université de Rennes II sur le corps et la vision du corps
dans l'Antiquité. Le poil y a naturellement sa place. Il est envisagé dans le corpus hippocratique comme une plante, un arbre poussant sur le terreau du
derme, derme qui subit, avec l'âge (général), le sexe (particulier) et les pratiques (personnelles), des modifications propres
à le rendre fertile ou stérile.
L'exemplier préparé par Pierre Brulé pour cette conférence et commenté par lui est disponible sous ce lien.
Pierre Brulé est helléniste, Professeur honoraire d'Histoire ancienne à l'Université de Rennes II.
Il a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels :
La fille d'Athènes, la religion des filles à Athènes à l'époque classique, mythes, cultes et société (Les Belles Lettres - 1987) ;
Périclès, l'apogée d'Athènes (Gallimard - 1994) ;
La Cité grecque à l'époque classique (Presses universitaires de Rennes - 1994) ;
Les grecs et leur monde (Gallimard - 1998) ;
La guerre en Grèce à l'époque classique (avec Jacques Oulhen) (Presses universitaires de Rennes - 1999) ;
Chanter les dieux (avec Christophe Vendries) (Presses universitaires de Rennes - 2001) ;
Le monde grec aux temps classiques (PUF - 2004) ;
Les femmes grecques à l'époque classique (Hachette - 2006) ;
La Grèce d'à côté : réel et imaginaire en miroir en Grèce antique (Presses universitaires de Rennes - 2007) ;
Economie et société en Grèce antique, 478-88 av. J.-C. (Presses universitaires de Rennes - 2007).
Samedi 21 février 2009 - Deux trôoiennes
Miren Arambourou-Mélèse et
Ruth Webb ont présenté et dédicacé leurs ouvrages, tout récemment parus,
Les Héritiers de Don Juan, Déconstruire la transmission coupable * et Demons and Dancers, Performance
in late Antiquity **. (20ème rencontre)
Ce fut une rencontre tout à fait exceptionnelle, exceptionnelle et inattendue. Inattendue parce que, au cours de la préparation
de cette rencontre entre ces deux auteures, mais encore au cours même de leurs conférences, il est apparu des ponts importants,
des points communs, entre leurs travaux, leurs recherches, leurs ouvrages qui, a priori, n'avaient aucun point commun. Eh bien,
Si ! Malgré la distance dans le temps et dans l'espace, malgré l'écart entre les deux sujets, le théâtre grec tardif, et une
approche historique, politique, sociale, psychanalytique et surtout épistémologique de la transmission patriarcale et de leur
lecture partiale par Freud, eh bien, la rencontre eut lieu. Moment magique partagé par une assistance plus nombreuse que jamais.
* Don Juan est la figure d'un fils contraint, pour se sentir exister, de s'arracher à la domination
patriarcale qui soumet femmes et fils. A l'orée du XXe siècle, c'est dans un semblable arrachement que Freud
invente la psychanalyse en écoutant les femmes que cette soumission rend folles. Mais sa construction théorique
s'appuie sur le mythe grec d'Oedipe pour restaurer l'ordre des Pères qui exclut les femmes de la transmission.
La culpabilité essentielle des fils garantirait la répression de leurs pulsions et l'accès aux plus hautes
valeurs de la civilisation. L'auteure, psychanalyste praticienne, interroge la validité de cette théorie dans
un monde où les femmes prennent toute leur part à la vie de la Cité. Elle propose de prendre appui sur ces
nouveaux rapports entre les sexes pour pacifier la transmission entre générations. Miren Arambourou-Mélèse.
** L'histoire fascinante du théâtre du haut empire et de l'antiquité tardive (2e - 6e siècles après J.C.) est
peu connue : à l'absence de traces directes des principaux spectacles de l'époque - la pantomime, danse qui
représentait les mythes par le gestuel d'un soliste virtuose, et le mime, type de vaudeville souvent improvisé -
s'ajoute le mépris des Pères de l'Eglise qui condamnaient le théâtre. En s'appuyant sur les textes, images et
documents, cette étude tente de mieux comprendre ces arts complexes et sophistiqués, et d'expliquer leur
signification pour les spectateurs de l'époque. Elle propose aussi une relecture des Pères qui montre que leur
discours anti-théâtral était souvent motivé par la peur de l'effet puissant des spectacles et de la mimésis
théâtrale, et appartient aux luttes culturelles qui accompagnaient la naissance de l'empire chrétien.
Ruth Webb.
Samedi 7 février 2009 - Rumeur, diffamation, calomnie, soupçons, harcèlement... ou qui veut noyer son chien l'accuse
de la rage par Patrice Bérard avec l'aimable participation de Laetitia Royer et Côme Fredaigne (19ème rencontre)
On trouvera sous ce lien le texte
complet de la conférence ainsi que je l'ai annoncé aux nombreux participants présents.
Samedi 13 décembre 2008 - Les thèmes, icônes et métaphores "universels" des contes, légendes et fables (hommage à Michel Aufray) (18ème rencontre)
Conférence, projection et débat par Patrice Bérard, diplômé de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales.
C'est devant une salle comble (et je remercie tous les participants d'être venus si nombreux)
que j'ai rendu hommage à la mémoire de Michel Aufray qui fut mon professeur à
l'INALCO dans les années 80 en lui dédiant cette conférence sur les thèmes des fables, contes et légendes.
On trouvera sous ce lien
l'ensemble des notes que j'avais préparées à cette occasion et les textes les accompagnant.
Samedi 8 novembre 2008 - Rencontre avec Jean-Claude Barreau (17ème rencontre)
Jean-Claude Barreau est un casse-dogme. Ancien directeur de l'Institut National des Etudes Démographiques et directeur du
département de culture générale du pôle universitaire Léonard de Vinci, il a su mettre à profit son érudition, ses
connaissances et ses compétences pour rédiger un ouvrage sur l'Histoire de la France original et sans concession face aux
a priori simplificateurs.
Tout sépare un wallon d'un marseillais, un breton d'un alsacien. Et pourtant, ces populations différentes s'entendent dans
le même pays, le même "pagus". Constat : la France intègre ; elle est restée romaine dans l'âme et elle a ménagé à la femme,
par son catholiscisme, une place plus importante que bien d'autres nations et ceci malgré les apparences. Jean-Claude Barreau parle de son expérience
personnelle. Né dans une famille athée, il a lu, à dix huit ans, les textes fondateurs de toutes les religions. Seuls les
évangiles faisaient une place à la femme et qui plus est à la femme adultère. Aucun autre texte ne laisse place à la femme
dans la société si ce n'est en qualité de servante procréatrice ou de marchandise.
Ce fut une belle leçon d'Histoire. Sans être provocateur, Jean-Claude Barreau bouscule à loisir les préjugés de toutes sortes,
fustigeant par-ci la classe dirigeante timorée et trop souvent inculte, ou l'encensant par-là et à bon escient.
Jean-Claude Barreau a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels :
Les enfants prodigues – Problèmes des bandes asociales et essai de solutions (avec Marc Oraison et Jacques Rochefort) (Fayard –1962) ;
Annonce de Jésus Christ (Le Seuil– 1964) ;
Le Prêtre dans la mission (avec Dominique Barbé) (Le Seuil – 1965) ;
Demain, la Paroisse (avec Francis Connan) (Le Seuil – 1966);
La foi d’un païen (Le Seuil – 1967) ;
La reconnaissance ou qu’est-ce que la foi (Le Seuil – 1968);
Où est le mal (Le Seuil – 1969) ;
L’aujourd’hui des évangiles (Le Seuil – 1970) ;
Qui est Dieu ? (Le Seuil – 1971) ;
Questions à mon Église (Stock – 1972) ;
La prière et la drogue (Stock – 1973) ;
Du bon usage de la religion (Stock 1976) ;
Les mémoires de Jésus (J.-C. Lattès – 1978) ;
Le mur du mépris (Stock – 1978) ;
La traversée de l’Islande (Stock – 1979) ;
Le vent du désert (Belfond – 1981) ;
Les innocents de Pigalle (J.-C. Lattès – 1982) ;
Que vive la France ! Des vérités cachées sur l’histoire et l’actualité (Albin Michel – 1985) ;
La foi qui reste (Le Seuil – 1987) ;
Du bon gouvernement : Des vérités cachées sur l’histoire et l’actualité (Odile Jacob – 1988) ;
De l’Islam en général et du monde moderne en particulier (Le Pré aux Clercs – 1991) ;
Biographie de Jésus (Plon – 1993) ;
Oublier Jérusalem (Actes Sud – 1993) ;
Quelle morale pour aujourd’hui (Plon – 1994) ;
Les vies d’un païen, mémoires (Plon – 1996) ;
La France va-t-elle disparaître ? (Grasset – 1997) ;
L’illusion de l’an 2000 (Grasset – 1998) ;
Le coup d’État invisible (Albin Michel – 1998) ;
Les vrais paroles de Jésus (Albin Michel – 1999) ;
Destruction de la France (Plon – 2000) ;
Tous les dieux ne sont pas égaux (J.-C. Lattès – 2001) ;
Bandes à part – pour en finir avec la violence (Plon – 2003) ;
La foi qui reste (Fayard – 2004) ;
Toute l’histoire du monde, de la préhistoire à nos jours (avec Roger Bigot) (Fayard – 2005) ;
Y a-t-il un Dieu ? (Fayard – 2006) ;
Toute la géographie du monde (Fayard – 2007) ;
Les racines de la France (Le Toucan, 2008).
De nombreux titres ont été traduits en anglais, en allemand ainsi qu’en portugais.
Samedi 11 octobre 2008 - Rencontre avec Jacques Mervant (16ème rencontre)
Où Jacques Mervant, psychanalyste, écrivain, musicien, rencontre, dans ses « Dangereuses Liaisons »
le sulfureux Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos, auteur des « Liaisons Dangereuses ».
Dans un grenier du Dauphiné, à l’abandon depuis plus de deux siècles, se trouve une correspondance inédite entre
Choderlos de Laclos et plusieurs des personnages de son roman.
Jacques Mervant confie cette correspondance à Freud alors que ce dernier se trouve en Autriche, au même numéro
d'une rue dont le nom est proche de celui où il réside. Coïncidence, transport, transfert ? Jacques Mervant interroge Freud
pour lui demander si cet ensemble ne constitue pas, sous d'autres mots, l'ébauche de ce qu'il a appelé, sans le définir,
le transfert en psychanalyse ?
Qu'est-ce que la psychanalyse ? Que sont les rapports entre les êtres ? Autant de questions qui trouvèrent, au cours de
cette rencontre avec Jacques Mervant, merveilleusement menée par Madame Miren Arambourou-Mélèse, psychanalyste, autant de
réponses qu'elles ont suscité de questions nouvelles. La psychanalyse ne peut être théorisée. Elle est un instrument de
découverte de soi-même par un autre et de sa propre histoire. Jacques Mervant a pris un point d'appui en ces correspondances entre chacun des
personnages du roman de Choderlos de Laclos, lui empruntant son style qu'il manie avec brio,
lui empruntant des phrases voire des paragraphes entiers, indécelables après même qu'il en a donné la totalité
des références, pour montrer, pointer du doigt et de la plume, ce qu'il entend par le transfert, une performance en tous
points remarquable. L'assistance ne s'y est pas trompée et le fil ne s'est rompu qu'au soleil couchant, sous la rouge lumière
dont la plaine du Loir était alors baignée.
Jacques Mervant est psychiatre et psychanalyste. Il a publié Dangereuses liaisons et Être ou ne pas être né
d'une femme, la tragédie de Macbeth aux éditions Alzieu.
Samedi 5 juillet 2008
Les Trois Secrets
Conférence par Olivier Jacquemond (14ème rencontre)
Olivier Jacquemond me prévint, il y a quelques mois, de la parution au début de l'été de son dernier livre, Les Trois Secrets
aux Editions Sens & Tonka. Il était enthousiaste à l'idée de venir le présenter
à Trôo. Paris, certes, aurait la primeur, mais sans conférence, juste une signature. Trôo aurait les deux !
Olivier Jacquemond, jeune philosophe et professeur
au Pôle Universitaire Léonard de Vinci, avait déjà publié, séparément, les deux premiers volets de cet ouvrage où ils
sont tous trois réunis. Un travail mené sur cinq années, et un regard rétrospectif sur ces deux premiers esquissé dans
le troisième. C'est une expérience délicate que celle de l'écriture d'un ouvrage sur plusieurs années.
C'est devant une salle comble qu'il livra le secret des secrets, y ajoutant la part personnelle qui ne
pouvait trouver place dans son ouvrage. Et c'est avec bonheur qu'il répondit aux questions posées par quelques
personnalités locales ou nationales présentes dans l'assistance parmi lesquelles Miren Arambourou-Mélèse, psychanalyste et essayiste, Lucien Mélèse, psychanalyste, Jean-Claude
Barreau, romancier, essayiste, ancien conseiller de François Mitterrand, Jean-Pierre Klein, psychiatre honoraire
des hôpitaux, fondateur de l'INECAT, l'Institut National d'Expression, de Création d'Art et Transformation, essayiste
et dramaturge ainsi que Max Fullenbaum (voir plus bas).
Samedi 21 juin 2008
La flore endémique de Trôo
Conférence, projection et divertissement animés par Pierre Le Goff (13ème rencontre)
Toutes les plantes dont nous avons projeté les photographies se trouvent sous ce lien : index des plantes
Pierre Le Goff n'entrera jamais dans un café. Ce n'était pas bon pour moi. Mais ce café était aussi une librairie
et un lieu de rencontre. Cela s'annonçait mieux. Il poussa donc la porte, celle de la librairie et non celle du
café, quand bien même elles ne faisaient qu'un, un après-midi de septembre 2007. Il est devenu depuis un fervent
participant des rencontres. Il me proposa un peu plus tard d'animer une rencontre sur les plantes de Trôo.
J'acceptais avec joie.
Trôo a une situation privilégiée : une butte orientée plein sud, dominant la plaine du Loir,
un milieu minéral qui emmagasine la chaleur pendant la journée, baigné, au petit matin, des brumes évaporées
de la vallée. Un climat quasi sub-tropical. Les plantes, et certaines des plus rares, trouvent refuge sur les
parties escarpées. Des habitants les protègent ou les domestiquent. Nous avons, entre les mois de février et mai 2008,
parcouru les sentiers de Trôo afin de les découvrir et de photographier les plus remarquables.
Après la conférence, suivie par une cinquantaine de personnes, nous avons repris ces chemins et Pierre Le Goff a
nommé et détaillé chacune chacune des plantes rencontrées.
Une promenade sous un soleil resplendissant qui se termina passé vingt heures autour du pot de l'amitié.
Samedi 31 mai 2008
Le théâtre grec sous l'empire romain (IIe - VIe siècles)
Conférence animée par Madame Ruth Webb, professeur associé aux Universités de Paris X et de Londres. (12ème rencontre)
Madame Ruth Webb partage son temps, son temps de travail, son temps de loisirs, entre Londres, Paris et Trôo. C'est à Trôo
qu'elle a écrit l'ouvrage dont elle a donné les clefs le 31 mai sur le théâtre tardif grec, avec beaucoup de talent, en illustrant
ses propos des rares images que le temps nous a laissées. Elle a exploré en effet un domaine très peu connu et sur lequel seuls
quelques témoignages écrits subsistent. Point de textes directs, puisque les pièces étaient souvent improvisées. Deux genres
avaient remplacé, dès le IIe siècle de notre ère, la comédie et la tragédie classiques : le mime, sorte de vaudeville ou de farce, et la pantomime où un soliste
muet danse sur scène en interprétant différents personnages, masculins et féminins, issus des mythes antiques. La confrontation
alors s'effectue entre le christianisme devenu religion officielle et ce théâtre qui attire des milliers et des milliers de spectateurs.
Ce n'est pas seulement le côté païen qui est montré du doigt, le côté souvent érotique ou paillard, mais aussi, et surtout, le
principe dominant de l'unicité de la personne humaine, de sa permanence. Les spectateurs ne sont-ils pas transformés après avoir assisté à ces
représentations comme le sont les acteurs qui jouent sur scène ? Un thème qui revient au galop dans notre société où les jeux
vidéo sont montrés, de la même façon, du doigt.
Madame Webb a publié "Demons and Dancers, Performance in Late Antiquity". Elle animera un atelier d'initiation au grec
ancien pendant le mois d'août au Café Littéraire de la Terrasse à Trôo.
Samedi 17 mai 2008
Vos poètes préférés (11ème rencontre)
Rencontre réservée au public, animée et soutenue par Max Fullenbaum et Patrice Bérard
A quelques mètres du Café de la Terrasse, un échafaud tubulaire avait été dressé pour quelques semaines.
C'est sur cet échafaud acoustique que se sont succédés les quelques volontaires qui ont lu ou récité les
textes de leurs poètes préférés. Cette très belle expérience de récitation en plein air sera réitérée,
promis.
Samedi 11 avril 2008
La Mémoire et l'Oubli (10ème rencontre)
Dialogue autour du Devoir de mémoire animé par Max Fullenbaum (1) et Patrice Bérard
J’appris jeudi que notre intervenant, qui devait animer la rencontre du samedi, ne pouvait se dégager de
ses obligations familiales et professionnelles. J’aurais pu annuler cette rencontre mais elle était prévue
de longue date et je songeais à ceux qui avaient projeté de la suivre et qui ne pourraient être prévenus à temps.
Certains viennent parfois de loin et je désirais tenir mes engagements. Je décidai donc de la maintenir,
de provoquer un nouveau sujet et demandai à mon ami Max Fullenbaum s’il pouvait me seconder.
Il accepta de bon cœur. C’est ainsi que j’élaborais la trame du sujet que je comptais développer,
la Mémoire et l’Oubli .
L’argument en était né d’une petite phrase qui avait défrayé la chronique,
quelques semaines auparavant, autour du Devoir de mémoire. Il ne s’agissait pas de le traiter d’une
façon politique ou polémique, mais d’analyser ce que sont Mémoire et Oubli à l’aune de la formation,
de la transmission et de la transformation de la mémoire collective comme de la mémoire individuelle.
Je ne résumerais pas la conférence qui se déroula de façon agréable pour les participants, pour ce qu’ils
m’en ont dit à la fin de la rencontre, comme pour les intervenants.
Monsieur Max Fullenbaum se chargea de la partie littéraire. Je me chargeais des parties anthropologique
et philosophique attachées au sujet. Je remercie au passage Miren et Lucien pour leur participation active
et leurs interventions fines et opportunes pendant le déroulement de la rencontre.
Mais à l’attention de ceux qui suivent l’atelier d’écriture je rappellerais qu’un sujet peut se traiter et
se développer en élaborant préalablement une table des inverses et des analogues et sur le principe héraclitéen présent
dans l’aphorisme : ils ne comprennent pas comment la chose allant en sens contraire va justement dans
le même sens. En l’occurrence, la table que j’adoptais était celle-ci : mémoire ~ oubli ;
connaissance ~ ignorance ; vérité ~ mensonge en suivant le fil principal de la transmission.
Cette méthode permet d’établir l’ensemble des ponts propres à développer et à circonscrire un sujet tout en en
fouillant les moindres recoins.
(1) Max Fullenbaum est écrivain et dramaturge ; il a publié, entre autres : Le Petit Livre des Casseurs (1994, Editions
des Mille et Une Nuits, épuisé), Mohair, le livre relié (2001, Voix Editions, épuisé),
Soft and Hard (2001, éditions iDLivre), Titanic-banlieue (2003, Editions Cent pages), Neuf,
ouvrage illustré de 14 dessins de Dominique le Tricoteur imprimé en typographie
(2006, Centre Vendôme pour les Arts Plastiques).
Samedi 1er mars 2008
La ruse et la tentation dans les textes sacrés (9ème rencontre)
Conférence et débat animés par Monsieur Ryad Atlagh, Maître de Conférence à L'Institut National des Langues et Civilisations Orientales
J'étais venu chercher Ryad Atlagh à la gare de Vendôme pour l'amener à Trôo et j'eus l'immense surprise de le
voir accompagné de Hachem Mouawieh, l'animateur de la librairie Avicenne à Paris, qui avait tenu à le soutenir pendant
sa prestation. Car, il ne faut pas en douter, c'est une épreuve pour un conférencier d'affronter un public qu'il
ne connaît pas, un public qu'il doit conquérir. Trôo n'est certes pas Damas, Londres ou New-York où Ryad Atlagh
avait déjà, sur invitation, développé le thème de "la ruse et de la tentation" dans les religions du Livre et
particulièrement dans le Coran à la suite des articles qu'il avait rédigés sur ces sujets pour le dictionnaire
du Coran, ouvrage qui reste la référence des érudits, des philosophes, des laïcs et des religieux, et auquel
Abdelwahab Meddeb avait encore consacré une émission sur France Culture le 17 février 2008.
Montrant avec finesse et intelligence comment la traduction par saint Jérôme
du mot grec signifiant "l'épreuve" par le mot latin signifiant "la tentation" avait fait évolué la pensée
chrétienne reprise par la pensée musulmane, Ryad Atlagh a illustré la notion de ruse à l'aide de différents passages
tirés de la Bible mais aussi du fil conducteur des Mille et une nuits. Les rédacteurs, les traducteurs des textes sacrés ont décrit, avec la ruse, un procédé
courant du comportement humain, général et partagé, mais difficilement classable par les commentateurs
en termes de bien ou de mal. Car tout dépend en fait du but pour lequel elle est utilisée. Le Dieu l'utilise,
le diable, la femme.. C'est le moyen de l'épreuve par celui de la séduction ou de l'oubli des promesses.
Une prestation de qualité, tout en finesse, et fortement applaudie par une salle comble et conquise par le talent
de l'intervenant.
Samedi 9 février 2008
Présentation de l'atelier d'écriture de Trôo
Ce n'était pas une rencontre habituelle, mais celle de personnes passionnées par l'écriture ou simplement intéressées.
Que peut-on apprendre de nouveau ? Un clavier d'ordinateur ou un simple stylo ne suffisent-ils pas pour écrire ?
On conviendra que le "y-a qu'à.." en a laissé plus d'un le stylo en l'air ou les doigts figés au-dessus du clavier.
Conter une histoire.. quelle histoire ? Et comment ? En mettant bout à bout des phrases, comme elles viennent ?
Apprendre à écrire, c'est d'abord apprendre à regarder, à noter mentalement ; c'est dresser des listes d'images,
de mots, d'inverses, d'analogues ; c'est faire le tri, choisir ; c'est rythmer, enlever, ajouter, biffer, barrer ;
c'est connaître toutes les figures et tous les styles et les adapter au texte que l'on veut composer, rejeter
les unes ou les uns au profit d'une ou d'un autre ; c'est inventer, bousculer la syntaxe là où il le faut, créer
des mots si chacun peut les entendre ou les comprendre. Bref.. cela ne s'invente pas. Cela se travaille !
Pendant plus de deux millénaires, des auteurs, des philosophes, des rhéteurs ont écrit des traités sur la langue
et les façons de s'en servir. C'est sur la base de leurs écrits que nous travaillerons, en faisant de fréquentes
incursions dans la littérature moderne comme dans la littérature ancienne. Car les textes, discours, pièces de
théâtre, romans, épopées, rimés ou non, mais bien écrits, n'ont pas d'âge.
1000 lectures d'hiver Léthé ou cinq monologues de Dimitris Dimitriàdis dits par Richard Graille
Ces 1000 lectures d'hiver, créées à l'initiative du Livre au Centre sont un merveilleux événement
qui peut se passer chez vous, dans votre intimité, avec les amis que vous avez invités. Lorsque texte et comédien
sont au rendez-vous de l'excellence, alors vous êtes certains de passer une soirée mémorable. C'est ce qui arriva
ce samedi 9 février, à vingt heures. Nul doute que chez vous, vous auriez eu le même plaisir. A suivre donc..
Samedi 26 janvier 2008
Thèmes de la tradition orale à Lifou (Nouvelle Calédonie) (8ème rencontre)
Conférence animée par Monsieur Weniko IHAGE, directeur de l'Académie des Langues Kanak à Nouméa
Monsieur Weniko Ihage, en mission pour le Territoire, porte-parole des locuteurs de ces petites langues
dont l'année 2008 célèbre l'existence et la vivacité, nous a fait le plaisir d'animer cette rencontre. Il a décrit,
avec cette merveilleuse maîtrise des discours dont les kanak font montre, la société de laquelle il est issu,
en illustrant ses propos de contes la relatant, la décrivant, de façon allégorique ou métaphorique, mais
toujours cryptée. Il faut des clefs pour comprendre, des clefs pour entendre, et, sur quelques contes que, de
mémoire, il a récité (en français tout de même..), il les a données. La Nouvelle-Calédonie compte encore
vingt-huit langues vivantes. D'autres se sont éteintes à jamais avec la mort des derniers anciens qui les
parlaient encore. Ce sont des pans de l'histoire de l'humanité qui disparaîtraient si ces académies et
conservatoires des langues n'existaient pas pour recueillir ces textes auprès des derniers locuteurs, parfois réticents,
car, la parole, celle qui conte les mythes, celle qui conte l'origine des tribus et clans, est sacrée. Elle ne se transmet pas
à n'importe qui, mais au seul destinataire que la société a désigné, le fils aîné.
Comme je lui avais rappelé que, bien des années auparavant, il avait apostrophé Jean Guiart, ancien directeur
du Musée de l'Homme à Paris et auteur de nombreux ouvrages sur l'Océanie, en lui reprochant de présenter comme
des mythes ce qui n'était, pour lui, que des fragments de mythes et que, nécessairement, il devait en manquer
le principal, Weniko Ihage me répondit : "Jean Guiart, je l'aime bien.. Il vit en Nouvelle-Calédonie maintenant
où il jouit d'une retraite bien méritée. C'est un honnête homme qui a écrit ce qu'il avait à écrire, avec compétence et sérieux,
un grand savant, amoureux de cette partie du monde et qui l'avait bien comprise. Je ne me
souvenais pas l'avoir ainsi chahuté.. et je le regrette." Eh oui ! Aujourd'hui Weniko Ihage lutte pour que ces textes ne
soient pas perdus à jamais. Après qu'ils sont recueillis, trente ans doivent s'écouler après la mort de
leur dernier détenteur avant qu'ils soient publiés accompagnés des clefs de lecture, si tant est qu'elles lui soient
livrées. Une grande leçon que nous donnent les uns et les autres. La mémoire d'un peuple se mérite et elle mérite
avant tout d'être respectée.
En dehors de ce court résumé et pour l'accompagner car il y a sa place, j'adresse à la famille de Monsieur Michel Auffray, qui fut mon professeur à L'Institut
des Langues Orientales, et dont j'ai appris le décès récent par Monsieur Weniko Ihage,
toute ma sympathie pour la perte de cet être chaleureux qui dirigeait, avec brio et compétence, le
département de l'enseignement des langues océaniennes. Son souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Samedi 8 décembre 2007
Images de la Chrétienté Copte (7ème rencontre)
Conférence animée par Monsieur Mahmoud Zibawi, docteur en histoire de l'art, docteur en sciences religieuses.
J'ai rencontré Mahmoud Zibawi à la librairie Avicenne, 25 Rue Jussieu à Paris, une librairie hors du commun,
un de ces rares endroits accueillant des visiteurs du monde entier, mordus de littérature méditerranéenne,
où juifs, chrétiens, musulmans et laïcs sont chez eux, bref, un lieu à visiter sans tarder. Après que j'ai feuilleté l'un des ouvrages qu'il avait
publié chez Picard, j'ai désiré le rencontrer, ce qui advint, un jour, par hasard, à la librairie. Et il m'a raconté...
C'est en lisant, à huit ans, au Liban, son pays, un livre sur les églises ornées du Loir (XI° - XIII° siècles) qu'il est devenu
qu'il a voulu devenir, et qu'il est devenu plus tard, l'un des meilleurs spécialistes de la chrétienté orientale.
Il a parcouru l'Egypte, le Liban, la Syrie, appareil photographique en main, notant, figeant les images, avec
autant de passion que de talent. Mais il n'avait jamais vu, encore, ces églises du Loir qui avaient suscité chez lui
cette passion. Nous avons pu, en un court moment, nous attarder sur deux d'entre elles lors de sa visite à Trôo.
Pendant sa conférence, tout en décrivant les images de la chrétienté copte projetées sur un mur, il a, par touches,
rapproché, comparé certaines de ces images à celles des églises du Loir, montrant ainsi les convergences autant
que les divergences entre les chrétientés orientale et occidentale. Un grand moment, partagé par une quarantaine
de participants, les yeux rivés aux images et les oreilles à ses mots.
Samedi 6 octobre 2007
Rencontre avec la famille MONOD
Conférence animée par Monsieur Luc Monod (6ème rencontre)
Luc Monod est un ancien libraire qui a publié, il y a quelques années, un ouvrage qui fait toujours référence
et qui n'a pas été surpassé sur Le livre illustré moderne. Mais c'est aussi un représentant de la famille
Monod, famille adulée autant que honnie en France pour son appartenance à l'église réformée. Pas de quoi, aujourd'hui,
allumer un brûlot (quoi que.. ) mais au dix-neuvième autant qu'au début du vingtième siècles, les Drumont du
parti antisémite ou Maurras de l'Action Française se déchaînaient contre cette famille qui n'en pouvait mais,
la vouant aux gémonies. On sait ce que ce genre d'attaque monstrueuse a produit dans l'Europe de la première moitié
du vingtième siècle.. La famille Monod est une famille comme les autres, qui a dû produire des cancres, comme
partout, autant que des génies, comme partout. La distribution ne se programme pas ! Elle est le fruit du hasard
et de la nécessité pour paraphraser Jacques Monod, l'un des illustres descendants de cette famille. Elle
marche dans le désert mais le fait partager, ainsi que le fit Théodore Monod.
Samedi 1er septembre 2007
Wittgenstein, un philosophe héraclitéen (5ème rencontre)
Conférence animée par Monsieur Mihaï Gaïta, docteur en philosophie
Ce fut sans doute une gageure qu'a relevée avec brio Mihaï Gaïta : faire entendre, à un public non averti,
ce qui rapprochait Wittgenstein, un philosophe autrichien du vingtième siècle, d'un philosophe grec, Héraclite,
du cinquième siècle avant notre ère. "Je n'ai pas dit le cinquième de ce que je voulais dire", m'a confié Mihaï
Gaïta après sa conférence... Certes, mais tous les participants, une cinquantaine, sont restés bien après la
conférence pour converser tant ils avaient été conquis par cette performance. Oui.. C'est un peu la magie de
Trôo et celle suscitée par ses participants. Sur un sujet a priori difficile, réservé aux seuls spécialistes,
eh bien ! tout s'éclaire, tout s'anime.. On peut aborder la pensée d'un philosophe quand bien même on ne connaît
rien à la philosophie. C'est le défit que veut relever le Café Littéraire de la Terrasse : faire en sorte que
la connaissance, la culture puissent être appréhendées par chacun. Cette appréhension est possible. Elle est le
garant de notre liberté de penser.
Samedi 7 juillet 2007
Lumière ! s'il vous plaît..
Performance réalisée par Monsieur Yann TOMA (4ème rencontre)
Ah! Difficile de parler de Yann Toma. Il le fait très bien lui-même. "Tu veux une performance sur une heure,
deux heures, cinq heures, plus.. ?" Yann Toma a repris l'enseigne d'Ouest-Lumière, une entreprise défunte de l'ouest
parisien, pour en faire une oeuvre d'art, une oeuvre.. que dis-je ! des oeuvres.. Une oeuvre de communication
sans pareille, avec ses ramifications, ses succursales dans le monde entier (et jusqu'à Trôo) une oeuvre plastique,
une oeuvre graphique, bref, un monument ! Un monument à notre époque, futile, virtuelle, emplie de mots creux
pour ne pas signifier mais communiquer. On a souri, on a ri de bon coeur pendant cette performance organisée
avec le concours amical des Editions Jannink. Yann Toma joue avec le réel. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? On ne
sait. On ne doit pas savoir. Tout est possible. Le vrai est dans la langue, dans le texte, dans le pouvoir de convaincre..
Quant à la réalité, c'est une autre histoire. Mais elle est de celle que l'on ne conte pas !
Samedi 16 juin 2007 (3ème rencontre)
Rencontre avec André Blanc, ancien producteur d'émissions radio et télédiffusées
André Blanc a animé, pendant plusieurs années, une émission hebdomadaire sur France Inter sur la chanson
francophone, c'est à dire française, belge ou canadienne. Il les a tous connus, les Brel, Brassens, Trenet,
Leclerc, les grands, les petits, ceux dont on parle peu mais qui n'ont pas moins de talent, bref, tous !
On a entendu sa voix pendant des années sur les ondes et il nous a fait le plaisir de venir jusqu'à Trôo
pour nous confier la petite et la grande histoire de la chanson francophone en accompagnant son discours
de séquences musicales. Ce fut un grand moment, de joie et d'émotion même lorsqu'il me confia : "J'ai maintenant
quatre-vingt ans. C'est un bel âge pour arrêter de professer ou de faire des conférences. Je t'offre la
dernière..."
Samedi 5 mai 2007 (2ème rencontre)
Histoire de la langue française ou le démon des origines par Patrice Bérard.
Septembre 2006 (Première rencontre)
« Entr'ouverture » du Café Littéraire de la Terrasse à l'occasion de la parution de l'ouvrage de Max Fullenbaum,
illustré par Dominique Le Tricoteur, « Neuf » aux Éditions du Centre Vendôme pour les Arts Plastiques, en
la présence de l'éditeur, Monsieur Jean-Dominique Jacquemond et de nombreuses personnalités locales et nationales.
Les gravois des travaux de rénovation venaient à peine d'être enlevés que nous fêtions l'ouverture prochaine du Café
Littéraire de la Terrasse. Max Fullenbaum lut des extraits de « Neuf » et je ne résiste pas au plaisir d'en livrer
l'exergue : « Tout mot a une zone érogène cachée par l'habit classique de la signification, de la syntaxe et de la
ponctuation. Pour atteindre cette zone, il convient de délivrer le mot de ses atours puis de le coucher nu sur le papier
afin qu'il touche les autres mots avant de nous toucher »