Résumé : Les suffixes en français ont différents rôles : ils précisent le genre, le nombre, les personnes dans les trois directions des "moi", "toi", "il/elle", l'usage, la fonction, etc.. Ils sont complémentaires, en français, des préfixes, et l'ensemble, préfixe - suffixe, constitue un formidable instrument d'inflexion, de modulation des "noyaux sémantiques".
Les contraintes proposées : écrire un texte ne comportant que des verbes préfixés ou semblant l'être en s'interdisant l'emploi des verbes être et avoir.
Le sujet proposé était : Un homme (ou une femme) attend un courrier et, en ouvrant sa boîte aux lettres, la découvre vide
Texte proposé par l'animateur.
Quand il ouvrit la boîte à lettres, il la découvrit vide, aussi vide que son portefeuille. Son visage esquissa une grimace.
Il referma doucement la porte de la boîte, retira la clef de la serrure et se dirigea vers la sortie de l’immeuble.
Quelques pas le séparaient de la rue, une rue bruyante, animée, passante. Indécis, il pénétra dans la foule, sans regarder vraiment,
tel un boxeur groggy. Bousculé bientôt par les uns, évité par les autres, il poursuivait sa route imprécise sans se préoccuper
du monde extérieur qui l’ignorait d’ailleurs totalement hors la gêne qu’il occasionnait par sa démarche lourde et chaloupée.
Il parcourut ainsi quelques centaines de mètres, s’arrêtant aux feux des carrefours lorsque s’arrêtaient les passants,
reprenant sa quête improbable dès que la foule s’ébrouait pour traverser la rue.
À la vue de l’enseigne d’un grand restaurant, il repris soudain allure normale.
Il se redressa et d’une démarche assurée il pénétra dans l’établissement.
- Vous désirez déjeuner, Monsieur ? lui demanda l’hôte.
- Bien sûr, une table, celle-ci par exemple ?
- Asseyez-vous, je m’occupe de vous dans un instant. Voici la carte..
- Bien.. bien.. alors..
Il la parcourut rapidement pour s’arrêter sur le menu gastronomique et une bonne bouteille au prix exorbitant.
Puis il héla le garçon et lui débita sa commande.
Il s’étira, regarda enfin la salle, des personnes bien mises, bien mûres aussi, aux beaux costumes, aux belles robes,
aux tempes et cheveux argentés, qui devisaient sagement, posément, sans élever la voix. Un rêve…
Le garçon déposa le premier plat devant lui, une salade de queues d’écrevisses, peu nombreuses, mais joliment présentées.
Il l’engloutit sans tarder. D’un geste courtois, certes, mais décidé, il demanda qu’on lui apporte la suite sans tarder.
Il n’attendit pas longtemps ; le garçon découpa quelques tranches d’un gigot d’agneau de pré salé, tendre à souhait,
qu’il disposa harmonieusement sur son assiette.
Quelques bouchées plus tard et son assiette saucée, il demanda qu’on lui apporte le dessert, directement.
- Pas de fromage ? s’enquit le garçon d’un air navré.
- Pas de fromage. On m’attend.
Un instant plus tard, le garçon déposait un joli gâteau nappé de chocolat qu’il entama aussitôt.
Mais à la troisième bouchée, il devînt tout pâle et tremblant.. Avec force gestes, il entreprit d’attirer l’attention
du garçon qui bientôt, surpris par ses gesticulations, s’approcha de sa table.
- Monsieur ? ça ne va pas ?
- De l’air.. J’étouffe.. Accompagnez-moi dehors.. Mon cœur, mon cœur.. la nourriture.. quelque chose qui ne passe pas..
- Un médecin plutôt..
- Non, de l’air, cela me rafraîchira.. ça va passer.. Cela m’arrive parfois..
Le garçon l’accompagna au dehors.
- Que cela ne vous empêche pas de vous occuper de vos clients. Dans deux minutes, j’irai mieux..
Quelques minutes plus tard, lorsque le garçon revint, il découvrit, mais un peu tard, l’absence de notre homme
qui digérait, tranquillement, son repas, à quelques rues de là.
Le prochain atelier se tiendra le 25 avril sur la focalisation.