Exemple 1 - Description d'une scène figurant sur une photographie
Café Littéraire de la Terrasse - L'atelier d'écriture

Métaphores et comparaisons ; travail pratique : description d'une scène figurant sur une photographie

Résumé : Métaphores et comparaisons ont pour but d'illustrer une description en lui joignant, en lui juxtaposant une image particulière correspondant à celle que l'auteur veut lui attacher afin de faire naître, chez le lecteur, une impression, une sensation similaire. La comparaison et la métaphore s'emploient à l'aide de tout ce qui n'est pas ce dont on parle.
Il a été lu aux participant, à titre d'exemple, un extrait du « Bal des pendus » d'Arthur Rimbaud dans lequel le poète introduit trois comparaisons à l'aide des mots tel, pareil et comme.

Mais voilà qu’au milieu de la danse macabre
Bondit par le ciel rouge un grand squelette fou.
Emporté par l’élan tel un cheval se cabre
Et se sentant encor la corde raide au cou

Il crispe ses dix doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Puis comme un baladin rentre dans la baraque
Rebondit dans le bal au chant des ossements.

En outre, qu'il s'agisse d'un paragraphe, d'un chapitre ou d'un ouvrage tout entier, on s'oblige à les « boucler », c'est à dire à reprendre en fin de texte une des images initiales que l'on a utilisées, en l'inversant ou en la prolongeant et de la manière qu'on voudra. Ici Rimbaud utilise les verbes « bondir » en début de séquence, et « rebondir » en fin de séquence. La fin doit justifier le début, la péroraison l'exorde.
D'autres explications ont été données ainsi que des grilles d'inverses utilisées par les anciens afin de parvenir au résultat souhaité.

Les participants ont été invités, en premier lieu, à regarder attentivement une photographie qui leur avait été confiée, puis, après qu'ils ont mémorisé la scène y figurant, à passer à l'écriture en bouclant leur texte et en y glissant au moins deux métaphores ou comparaisons.

Textes proposés par l'animateur.

1 - Elle est campée fermement sur ses deux jambes, comme une statue grecque, bras levés, les mains dans ses cheveux qu’elle arrange en chignon. Elle se tient face au miroir tandis qu’il lui lit, assis sur l’abattant de la cuvette des toilettes, coincé entre le mur et la machine à laver, un passage d’un livre qu’il tient ouvert d’une main. Elle entend sa voix, un murmure, elle l’entend loin cette voix tant elle est à sa chevelure. Elle aime l’entendre, cette voix qui la berce. Elle saisit au vol un mot, un autre, un verbe qui chante et qui volète, tel un oiseau, une plume dans l’air. Les phrases, non ! à peine quelques images qu’elle reconstruit comme elle construit son chignon, poussant-ci, repoussant-là, maintenant-ci, étoffant-là.

2 - Elle a le visage fatigué d’une dame d’un âge certain, aux paupières lourdes, aux fortes joues. Pied nus dans sa salle de bain, raide campée face au miroir, bras hauts levés, elle arrange sa chevelure, elle la pétrit de ses mains. Derrière elle, assis sur l’abattant de la cuvette des toilettes, il lui lit un passage d’un livre qu’il tient ouvert d’une main. Elle l’écoute distraitement, tout à sa chevelure qu’elle ne quitte pas des yeux dans son miroir. Ses cheveux sont ceux d’une jeune fille. Si elle a quitté sa beauté, sa jeunesse, si son visage un peu flasque le lui rappelle, ses cheveux sont sa fierté, son étendard, son remède à la vieillesse. Avec de pareils cheveux, elle est Héra femme de Zeus, elle est Héra et Aphrodite, ou plutôt, non, Athéna, Athéna dans sa gloire, déesse, conquérante, immortelle. Et lui, qui peut-il être ? Il est un peu malingre pour être un dieu ou un héros. Un dieu ni un héros ne portent de lunettes pour lire. D’ailleurs, les dieux lisent-ils ? Elle arrange sa lourde chevelure tandis qu’en haut, très haut sur l’Olympe, les dieux, approuvant, s’inclinent.

3 – Assis sur l’abattant de la cuvette des toilettes, il lui lit un passage d’un livre qu’il tient ouvert d’une main. Il est coincé entre le mur et la machine à laver, comme un rat pris au piège mais c’est elle qu’il a piégé. Un instant auparavant, il a découvert ce court passage qu’il a dégusté comme un bonbon au miel et il a tenu à le lui faire partager. Il agit toujours ainsi, dès qu’il la voit libre et quand bien même elle est occupée. Il a la constance d’un chat. Il fait ce qu’il veut, où il le veut, quand il le veut. Et il lit, il lit, il passe ses journées à lire. Quelques phrases ont-elles retenu son attention, il les lui lit à haute voix. Si elle est à côté de lui, il ne se déplace pas. Il jette un : « écoute ça… » et il lit. Si elle est dans une autre pièce, n’importe laquelle, il la cherche, il la trouve et il s’assied, n’importe où, et il lit. Il vient de la trouver. Elle est dans la salle de bain, occupée à arranger sa chevelure. Il est entré, il a rabattu, pour être à son aise, le couvercle de la cuvette des toilettes, il s’est assis, il lui a dit « écoute ça… » et il a commencé sa lecture.

Retour au menu principal

Page suivante