Evénements à venir
Une trôoïenne, Miren Arambourou-Mélèse

Courant février 2009, l'ouvrage de Miren Arambourou-Mélèse, Les héritiers de Don Juan, déconstruire la transmission coupable a vu le jour aux éditions Campagne Première. Miren Arambourou-Mélèse nous en a offert la primeur le 21 février 2009 au Café Littéraire de la Terrasse. Je lui laisse ici la parole.

La figure de Don Juan, personnage littéraire et héros d’opéra, questionne, à travers des siècles d’histoire européenne, la transmission dans l’ordre patriarcal où le groupe dominant assure son pouvoir par la soumission de tout autre (fils, femmes, manants). Impatient d’accéder à la maîtrise, Don Juan récuse l’ordre des pères et l’attente imposée, il s’approprie par violence ce féminin exclu de la transmission dont il ressent le manque dans sa chair sans le connaître. Ce faisant, il rate toute inscription dans le temps et l’altérité.
Confronté aux mêmes pesanteurs patriarcales, le jeune Freud conquiert lui aussi son champ d’action par arrachements successifs au savoir transmis et aux liens tissés. Au fil de sa correspondance passionnée avec Martha, Breuer, Fließ, Jung, ou Ferenczi, dont elle propose parfois une traduction originale, l’auteure nous montre comment les vives interrogations du clinicien qui découvrit la puissance de la sexualité infantile se muent, sous la pression des désillusions transférentielles, en une théorie dogmatique et la levée d’une armée pour la défendre. Le chercheur audacieux se fait Père auto-engendré de la psychanalyse, redoutant la horde de ses épigones ; il sacrifie le féminin dont l’énigme l’éveilla à la construction d’un corpus scientifique désincarné à transmettre à des fils spirituels « sans passer par le ventre d’une femme ».
Miren Arambourou-Mélèse suggère que la psychanalyse s’affranchisse des représentations patriarcales pour donner toute sa place à la différence. La transmission résulte de l’entame par l’autre, l’autre du sexe, l’autre de la génération. La dette n’est pas la culpabilité, matrice d’un surmoi féroce, elle est le signifiant fondamental du lien humain. L’auteure propose, à la lumière de sa pratique, de redonner au lien transférentiel toute sa chair et à la sublimation sa véritable dimension de métamorphose de l’excès pulsionnel qui permet le commerce entre les humains. C’est l’originalité de la clinique psychanalytique.

L’auteure :
Miren Arambourou-Mélèse est psychanalyste, membre affilié de la Société de Psychanalyse Freudienne. Avant d’opter définitivement pour la pratique clinique, elle a enseigné et traduit l’allemand puis animé de nombreuses actions de formation et de supervision des personnels de la petite enfance et de l’adolescence. Elle a fait partie durant dix ans du comité de rédaction de la revue Che Vuoï, revue du Cercle Freudien dont elle fut membre jusqu’en 1999 et elle a publié de nombreux articles dans Che Vuoï, la Lettre du Grappe et Les Lettres de la SPF.

Retour au menu principal