Le Café littéraire de la Terrasse - L'atelier d'écriture
Socrate
Rome
La Lavardin

Café Littéraire de la Terrasse - L'atelier d'écriture

La rhétorique représente en philosophie ce qui ne peut être pensé autrement que dans le langage.
La dialectique considérée comme l'organum du penser, serait la tentative de sauver d'une façon critique
le moment rhétorique : celle de rapprocher la chose et l'expression jusqu'à l'indifférenciation.

Theodor W. Adorno, Dialectique négative, Paris, Payot, 2003

Les séances de l'atelier d'écriture reprendront normalement après les séances d'été, à Trôo, au Café Littéraire de la Terrasse, chaque samedi, de 10 heures à midi, et, à Paris, chaque mardi, de 18 heures 45 à 20 heures, à partir du mois d'octobre 2009.
  Il n'est nul besoin de posséder des compétences particulières pour en suivre le déroulement. L'atelier est ouvert à tous, sans distinction d'âge. Il est là aussi pour suppléer aux manques et s'adapter aux besoins de chacun.

On peut consulter sous ce lien des exemples de figures travaillées

Il y a de nombreuses années, mes seize ans allaient sonner, j’entrais au cours de dessin de la Maison des Beaux-Arts à Paris afin d’apprendre à dessiner vraiment. Au premier cours, confronté au modèle dénudé, je fis ce que faisaient la plupart de ceux que la salle de dessin accueillait, je fis, nous fîmes des « patates ». Il faut du temps pour apprendre à dessiner, apprendre les proportions du corps humain, les tirer au trait, comme de légers squelettes, apprendre à les faire tourner, évoluer dans l’espace, apprendre à habiller ces ébauches filiformes de chair, de peau, de plis, d’ombres, apprendre à regarder sans dessiner, puis dessiner sans regarder, apprendre à saisir le geste et le mouvement, apprendre à traduire l’expression, l’effort ou le repos, la joie ou la tristesse, la grâce ou le désordre.

Progressivement, cela vient ; on abandonne le squelette, on se trompe, on reprend le squelette, on se reprend, on gravit chaque marche avec précaution en regardant derrière soi le chemin parcouru, en se souvenant à chaque pas qu’on ne construit pas un escalier en commençant par le haut mais qu’il lui faut un plan, des fondations, des paliers, une armature, des limons, des contre-marches, une main-courante et que tout cet ensemble ne tient pas debout par hasard.

Écrire, composer, peindre, bâtir tiennent du même cheminement. On n’écrit pas en jetant sur le papier des mots au hasard. Ils faut les connaître et connaître toutes les façons de les emboîter, toutes les façons de dérouler les phrases et plus loin de concevoir un récit. La liberté d’écrire, comme la liberté de composer, de peindre ou de bâtir, passe par cette exigence.

J’ai donc conçu cet atelier d’écriture comme Maurice Bentz, l’artiste qui dirigeait le cours de la Maison des Beaux-Arts, avait conçu son atelier, par paliers successifs, en explorant toutes les possibilités du langage, du mot à la phrase, de la phrase au récit en passant par la scansion et le rythme, en utilisant à profit ma connaissance, pratique, universitaire ou livresque, de nombreuses langues, et en adaptant les écrits sur l’art oratoire élaborés par les anciens, Aristote, Quintilien, Cicéron et Hermogène le Rhéteur principalement, rhétorique judiciaire avant tout, aux divers genres littéraires.

Chaque atelier d’écriture se déroule ainsi en quatre temps, celui de l’exposition des figures ou des genres, celui de la lecture et du commentaire de textes s’y rapportant rédigés par des écrivains de tous siècles, celui du passage à l’écriture proprement dite avec un sujet simple et des contraintes à respecter, enfin celui de la lecture et du commentaire des textes élaborés par les participants.

On ne sort jamais indemne de l’apprentissage et de la pratique d’un art, quel qu’il soit. Apprendre à dessiner, c’est apprendre à voir, et quand on a appris à voir, on regarde autrement. Apprendre à écrire, c’est aussi apprendre à voir et quand on a appris à voir avec les mots, les phrases et le rythme, on lit autrement. J’entends que chaque apprentissage nouveau apporte sa pierre à l’édifice du sens critique, de la mémoire autant que du plaisir, incomparable, celui qui consiste à entrer dans l’œuvre d’un autre et de la goûter pleinement.

Patrice Bérard, août 2009

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