Travail forcé et travailleurs-forçats
Café Littéraire de la Terrasse - Travail forcé et travailleurs-forçats

Notes pour la conférence

Une personne se suicide chaque jour pour des raisons directement liées à son emploi. On évalue en effet le nombre de suicides de ce type en France entre 300 et 500. Il y en a eu 25 à France Télécom en un an et demi. Le phénomène semble prendre racine il y a une vingtaine d’années.

D’autre part, les accidents de travail firent, en 2008, 538 morts, et 43028 accidentés furent déclarés en invalidité permanente.

Le harcèlement moral ou sexuel concerne 8% des femmes et 7% des hommes au travail, soit environ deux millions de personnes.

Il y a en France, semble-t-il, plus qu’un malaise lié au travail.

Mais qu’est-ce que le travail ?

Je distinguerais le travail blanc, le travail noir et le travail gris ou « travail fantôme » pour reprendre le titre d’un ouvrage d’Ivan Illich.

Le travail blanc tout d’abord :

En France, suivant des statistiques publiées par l’INSEE, en 2009, sur près de 64 millions d’habitants, 14,8 millions de personnes étaient des retraités, 26 millions de personnes étaient au travail, parmi lesquelles 23,6 millions étaient salariées (fonction publique comprise pour 7,5 millions) contre 2,4 millions de non salariés.

Le travail salarié est donc, dans notre pays, largement majoritaire (près de 90%) mais il recouvre des situations bien différentes, du président de l’une des sociétés inscrites au CAC 40 au technicien de surface, du cariste au cadre moyen, avec des échelles de rémunérations qui vont de un, et parfois en-dessous de un pour les travailleurs à temps partiel, à cent et parfois à plus de cent pour les grands capitaines des industries financières, celles du bâtiment et des travaux publics, des assurances et autres.

Suivant le Code du travail, est salarié celui qui se trouve en état de subordination, c'est-à-dire qui vend sa force de travail, intellectuelle et/ou physique, qui l’abandonne au profit d’un tiers, personne, physique ou morale, moyennant une rémunération, fixe ou à la tâche, pendant un temps donné, avec ou sans terme. Ce statut emporte des droits et des obligations pour l’employé et l'employeur, qu’un contrat généralement énonce. Mais le président de l'une de ces grandes sociétés est-il un travailleur comme les autres, a-t-il les mêmes droits et les mêmes obligations que les autres ? On ne saurait répondre que par la négative.

Le travail noir est hors statistiques. Il concerne aussi bien des salariés, des entrepreneurs, des chômeurs, des immigrés sans papiers. Là encore, les situations des travailleurs « au noir » diffèrent du tout au tout, du plus pauvre au plus riche.

Le travail gris ou travail fantôme enfin concerne celui ou celle qui effectuent des tâches sans percevoir de rémunération, les tâches ménagères par exemple, tâches qui pourraient être effectuées moyennant rémunération par des tiers, celui ou celle qui bricolent ou qui jardinent pour eux, qui ne sont pas considérés comme des travailleurs puisque ce qu’ils ou elles font n’entre pas dans le circuit économique monétaire et financier. Pas de contrepartie en argent, donc pas de statistiques possibles, pas de charges sociales non plus, pas d’impôt, rien : c’est du travail qui n’existe pas mais qui est bien réel. Dans le même ordre d’idée, le temps nécessaire pour se rendre au travail n’est pas décompté comme temps de travail ; il n’est donc pas payé. C’est encore du travail fantôme quand bien même, en cas d’accident, cet accident est qualifié d’accident du travail.

Qu’en est-il du coût du salariat ? En France, lorsqu’un chirurgien dentiste verse à son assistante 1750 € par mois, il dépense en fait, en ajoutant les charges sociales 3410 €, c’est à dire près du double. Il verse à son employée 51% de sa dépense totale. Pour les non-salariés, les prélèvements sociaux sont effectués sur son bénéfice net après déduction des charges. Ils sont de l’ordre de 50%, c'est-à-dire qu’ils sont, peu ou prou, ceux que l’on relève chez les salariés.

Tous ces travailleurs travaillent donc moitié pour eux et moitié pour financer les industries de la santé, florissantes, pour financer les indemnités versées aux chômeurs (environ 2,7 millions en 2009) et pour financer les pensions versées aux retraités (environ 15,3 millions). De cette moitié ainsi prélevée,, il faut encore retrancher l’impôt sur le revenu qui est en moyenne de 42% en France mais qui peut être négatif (prime pour l’emploi) pour les petits revenus et tous les impôts directs et indirects en vigueur. Bref, il est très difficile, à ce point, de dire quelle est la part qui revient au salarié (ou au non salarié) après tous ces prélèvements, mais elle doit osciller entre 25 et 50% du revenu de départ, c'est-à-dire des sommes versées par l’employeur pour son emploi. Il en est de même du travailleur non salarié. Chacun travaille donc six à neuf mois pour d’« autres » indistinctement mêlés.

Ceci sans oublier ce pour quoi, ou ceux pour qui, le travailleur travaille. Car il travaille pour lui, certes, mais aussi et avant tout pour ceux qui l’emploient, et pour quelle plus-value, minime ici voire parfois négative car toutes les entreprises ne sont pas toutes bénéficiaires et tous les patrons ne sont pas tous des capitalistes forcenés, mais substantielle là, et là-bas, plus loin, énorme et sur laquelle se créent des fortunes. Je renvoie aux travaux de Karl Marx, inégalés et toujours d’actualité.

Ces données simples nous seront utiles par la suite car nous allons tâcher d’étudier les fondements de nos économies occidentales, largement partagées, car on les retrouve au Moyen-orient, en Orient ou en Afrique sub-saharienne.

Derniers chiffres : en France, les salaires versés aux femmes sont en moyenne inférieurs de 20% à ceux versés aux hommes pour des postes ou des compétences équivalents et ceci sans raison apparente.

1. Structure des sociétés

Les sociétés humaines se caractérisent par leur horizontalité et leur verticalité, que le curseur entre abscisse et ordonnée soit plus ou moins proche du zéro de l’équilibre :

1.1. Horizontalité par l’existence de deux genres complémentaires, l’homme et la femme, le sexe décidant de la personne seule apte à être fécondée, porter, mettre au monde et allaiter l’enfant ainsi conçu, la femme ;

1.2. Verticalité par l’existence tout à fait relative de dominants provisoires, chefs, rois ou reines, aristocrates, classes ou castes dominantes, et de dominés, beaucoup plus nombreux mais sans puissance ou ne l'utilisant pas, la filiation décidant le plus souvent du statut de la personne.

Ceci posé, il est distribué, dans la quasi-totalité des sociétés humaines, des tâches et des rôles spécifiquement masculins et d’autres spécifiquement féminins. Ce n’est pas le sexe qui décide, mais la société, la procréation restant le parangon d’une extension arbitraire de la spécificité proprement féminine concernant la procréation à des domaines qui ne la concernent nullement.

2. Rapports des individus et des groupes entre eux

S’agissant de sociétés, c'est-à-dire de groupements d’individus, il convient d’aborder les types de rapports économiques, pour entrer dans le sujet qui nous intéresse, qui existent à l’intérieur de ces groupements, clans, tribus, nations, et entre ces groupements eux-mêmes.

La prédation sur la nature, domestiquée ou non, est un donné du vivant. Le vivant se nourrit du vivant et de ses productions.

L’économie vivrière s’épanouit dans et par cette prédation, commune à tous les êtres vivants et qui ne se traduit pas nécessairement par la destruction complète d’une espèce au profit d’une autre mais plutôt par la symbiose, la complémentarité, un rapport d’équilibre qui, lorsqu’il n’est pas réalisé, peut conduire à l’extinction de la proie et, par extension, à celle du prédateur.

Cela dit, l’économie humaine est complexe. Elle se nourrit d’une part de cette prédation sur la nature, appelons-la économie vivrière ou autarcique, et de rapports avec d’autres communautés qui se traduisent par l’alliance, l’échange, la rapine ou la guerre.

La société grecque ancienne nous fournira un exemple de l’un de ces types d’économie sur fonds verticaux et horizontaux, type largement partagé, je le répète, par les civilisations orientales, occidentales et euro-asiatiques.

La société grecque se caractérise par son déséquilibre des genres, elle est misogyne, et par sa classification des êtres, elle est xénophobe, nous dirions aujourd’hui raciste et elle est esclavagiste. S’il existe un genre spécifiquement féminin, ce genre est étendu arbitrairement au « genre » esclave ou au « genre » animal qui le deviennent par nature comme la femme est femme par nature.

La société grecque se nourrit de la grande exploitation foncière, assise sur la propriété, exploitation mise en valeur par des esclaves quasi exclusivement.

Elle se nourrit de la rapine par la guerre qui lui permet de s’approvisionner en esclaves et en tributs divers, biens matériels, métaux précieux, artefacts. L’homme grec, issu d’un dème, une tribu de classe aristocratique, est astreint à guerroyer de l’âge de dix-huit ans jusqu’à celui de trente, âge auquel il prend épouse, une jeune femme, très jeune d’ailleurs – il vaudrait mieux dire une enfant – qui n'a que douze ou treize ans. Bref, elle est pédophile au sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot.

Citons Aristote :

La relation du mâle à la femelle est par nature celle du supérieur à l’inférieur, l’un commande et l’autre est commandée et il est nécessaire que ce principe s’applique à tous les hommes de la même façon. Tous les êtres qui sont aussi différents des autres que l’âme l’est du corps et l’homme de la brute sont par nature esclaves : mieux vaut pour eux être soumis à ce pouvoir.
Politique, l 5, 1254b13sq

La société grecque se nourrit du commerce qui lui permet de s’approvisionner en biens qu’elle ne produit pas ou peu, blé, sésame et papyrus d’Égypte, épices d’orient, étoffes, cuirs, artefacts en fer des gaules. Elle exporte du vin par exemple vers les sociétés gauloises qui ne le produisent pas encore et qui en sont friandes. Par la guerre, elle s’est implantée en Égypte afin de faire main basse sur ses céréales.

Les sociétés environnantes, romaines ou gauloises, agissent comme la société grecque : la grande propriété foncière, le commerce, la rapine et la guerre en sont les fondements. Les intermédiaires commerçants avec lesquels ces sociétés traitent sont bien souvent des arabes de la grande Syrie. Ce commerce perdurera pendant toute la période mérovingienne après le démantèlement de la Rome impériale au Ve siècle et de ses colonies grecques et gauloises.

Ce sont des sociétés monétarisées. Les transactions, achat de denrées, de biens, d’esclaves, paiement de salaires, sont payées dans les monnaies courantes, l’or, l’argent, le bronze frappés des sceaux attestant de leur teneur en métal précieux et de leur provenance. Ces monnaies circulent dans toute l’Europe continentale. Les gaulois battent monnaie comme les grecs et les romains.

Revenons aux salariés en Grèce antique. Ce sont parfois des esclaves des villes qui, après leur service auprès de leurs maîtres, effectuent diverses tâches, nous dirions des petits boulots, afin de racheter leur liberté. Ce sont aussi des métèques, nous dirions aujourd’hui des immigrés, artisans ou commerçants. Leur situation n’est parfois pas plus enviable que celle des esclaves des campagnes.

Illustrons par la lecture d’un petit texte la situation d’un salarié à l’époque antique :

« À Zénon, salut, c’est bien, si tu vas bien, moi, je vais bien. Tu sais que tu m’as laissé en Syrie avec Crotos, et j’ai fait tout ce que tu m’avais ordonné concernant les chameaux, et tu n’auras pas de reproches à me faire. Alors que tu lui avais ordonné de me donner le salaire que tu avais fixé, il ne m’a rien donné tout (…) mais il m’a demandé de m’en aller. J’ai passé beaucoup de temps à t’attendre mais quand j’ai manqué de tout le nécessaire et que je n’ai plus été capable de m’en procurer nulle part, j’ai été forcé de m’en aller en Syrie pour ne pas mourir de faim. Je t’ai écrit pour que tu saches que Crotos est responsable de tout. Toi alors, tu m’as envoyé à Philadelphie, auprès de Jason, et j’ai fait tout ce que tu as ordonné, mais il ne me donne rien de ce que tu as fixé pour moi depuis neuf mois, ni huile, ni grain, sauf les deux mois où j’ai touché l’habillement. Je suis à la peine, été comme hiver, et il me dit de prendre de la piquette en guise de salaire ; il me méprise parce que je suis un barbare. S’il te plaît, je te demande de leur donner des ordres pour que je reçoive ce qui m’est dû, et qu’à l’avenir, ils me paient régulièrement, que je ne meure pas de faim parce que je ne sais pas vivre à la grecque. »

3. L’impôt

D’une certaine façon, l’impôt est un moyen, pour le potentat, d’assurer son pouvoir et son bien-être, de redistribuer à sa guise, de récompenser qui il voudra et de se servir à la table de ses hôtes sans leur demander leur avis. Depuis Marx, le monde a bien changé mais le fond est resté le même. On prélève, chacun prélève sur qui il veut tout ce qu’il peut, quitte à tout lui prélever, s’il le peut et le laisser sur la paille. Il convient avant tout, pour les possédants, de s’en protéger. Le bourgeois, le commerçant du douzième siècle qui s’est enrichi, sent le pouvoir désireux de lui ôter sa fortune et ses biens, par l’emprunt non remboursé et finir au bout d’une corde. Il s’en prémunit en investissant sa fortune dans des biens immobiliers, des terres, des maisons qu’il fait bâtir et dont il tire revenus. Ainsi, il est protégé contre le hiérarque. Nos dirigeants actuels ne l’ont pas bien compris, du moins pas dans ce sens. Les pauvres étant bien plus nombreux que les riches et ces dirigeants frayant avec ces grands commerçants, la manne se situe, pour eux, dans ces classes basses ou moyennes où ils pompent sans vergogne pour le bien de tous, disent-ils, mais le leur en particulier.

4. La grève

La grève n’est pas un phénomène récent. Sous Ptolémée II (-309 – -246), des agents du fisc avaient tenté d’évaluer les récoltes des paysans afin de les taxer d’office sur les produits estimés. Les paysans se réfugièrent alors dans le temple où ils étaient en sécurité afin de protester contre ces méthodes et de prôner la grève des récoltes. Le grève était un instrument largement utilisé par les paysans qui partaient pour la ville ou rejoignaient des bandes de brigands. L’amnistie les ramenaient aux champs. Signalons qu'ils se révoltaient parce qu'on voulait leur prendre 30% de leurs récoltes. Aujourd'hui, on prélève beaucoup plus sur les petits revenus mais, comme personne ne proteste, autant se gaver...

Le premier mai célébré comme fête du travail provient des manifestations organisées à Chicago ce jour en 1886 par les ouvriers afin de réclamer la journée de 8 heures ou la semaine de 48 h de travail. Une bombe, à la fin de la manifestation, fut lancée contre les policiers faisant 15 morts parmi eux. Cinq syndicalistes seront condamnés à être pendus, trois à la prison à vie. Le 1er mai 1891 en France, à Fourmies (Nord), une manifestation organisée dans le même but fut réprimée dans le sang. La troupe tira sur les ouvriers, hommes et femmes confondus. Dix furent tués, assassinés dirions-nous.

Le 23 avril 1919, la loi sur la journée de huit heures est votée par le Sénat et inscrit le 1er mai suivant comme journée exceptionnellement chômée.

Le 24 avril 1941, sous l’impulsion de René Belin, syndicaliste CGT nommé secrétaire d’État au Travail dans le gouvernement du maréchal Pétain, une loi est votée fixant la fête du travail et de la concorde sociale le 1er mai, jour de la saint Philippe déplacé plus tard le 4 mai, et en fait une journée définitivement chômée.

En avril 1947, cette mesure est reconduite par le gouvernement issu de la Libération.

Les grèves dans les mines du Nord sont dues à la précarité des conditions de travail (16 mineurs étaient morts au travail en avril 1948). Jules Moch, socialiste, réprimera durement ces grèves : soixante mille CRS seront mobilisés contre les grévistes, des mesures disciplinaires seront prises envers 3000 mineurs, licenciés, interdits de travail aux Charbonnages de France et obligés de quitter leur logement. Travailler ou mourir, tel était le choix, quand il n'était pas travailler ET mourir.

6. L’obligation de travailler

S’il existait au Moyen-Âge des corporations de mendiants comme il existait des ordres mendiants, la mendicité fut progressivement interdite, en Angleterre par l’instauration, au XVI° siècle, d’une taxe sur les pauvres, au XVII°, sous Jacques 1er par l’obligation pour eux de travailler sous peine de prison. Sous Louis XVI en France une ordonnance du 13 juillet 1777 précise que : « tout homme sain et bien constitué âgé de 16 à 60 ans et trouvé sans moyen d’existence et sans profession, doit être envoyé aux galères. »

La peine des travaux forcés n’a été supprimée en France que le 4 juin 1960 et remplacée par la réclusion criminelle à perpétuité. Cette peine a permis aux anglais de coloniser l’Australie et aux français de coloniser la Nouvelle-Calédonie et la Guyane.

Extrait du Code pénal de 1816 :
Article 15 : Les hommes condamnés aux travaux forcés seront employés aux travaux les plus pénibles ; ils traîneront à leurs pieds un boulet ou seront attachés deux à deux avec une chaîne lorsque la nature du travail auquel ils sont employé le permet.
Article 16 : Les femmes et les filles condamnées aux travaux forcés n’y seront employées que dans l’intérieur d’une maison de force.
Article 20 : Quiconque aura été condamné à la peine des travaux forcés à temps sera flétri, sur la place publique, par l’application d’une empreinte avec un fer brûlant sur l’épaule droite.

La condamnation à une peine substitutive de Travail d’Intérêt Général fut instituée par une loi du 10 juin 1983 pour entrer en vigueur le premier janvier 1984. Ces travaux ne sont pas rémunérés.

Les Travaux d’Utilité Collective (TUC) sont un énième accroc au SMIC (le travail en prison est largement sous-rémunéré depuis longtemps). Ces "TUC" furent institués par Laurent Fabius pour lutter contre le chômage...

Enfin, pour clore ce chapitre, signalons que depuis le 23 juillet 2008, un chômeur indemnisé qui refuse, sans motif légitime, deux offres raisonnables d'emploi, est radié des registres de l'ANPE et ne reçoit plus d'allocations pendant une période minimale de deux ans.

Le travail est donc obligatoire. On ne saurait s'y soustraire sans en payer le prix, un prix changeant, variable avec le temps.

Conclusion (toute provisoire et personnelle)

La servitude est l’un des fondements de nos sociétés. Dans un mouvement qui n’est jamais remis en question, le « travail » reste la possibilité, incontournable, de consommer. Ainsi, le serpent se mord la queue. Pour consommer les produits de l’industrie, bons ou mauvais, qu'importe, il faut produire, entrer dans le cycle de la production, entrer en servitude avec tout ce que cela suppose, et il n’est que deux façon d’y échapper : ne pas consommer, et encore, l’impôt mobilier vous attend, ou bien se situer tout en haut du panier, faire produire et s’enrichir en ayant l’air de faire quelque chose pour le bien de tous. Mais charité bien ordonnée commence par soi-même. Les bonimenteurs ont encore de beaux jours devant eux… 2012 les verra à l’œuvre. Déjà ils s'entre-déchirent. La place est bonne, n'en doutons pas. Demain, on rasera donc gratis, mais sur votre dos ! Tout y concourt. Le travail des autres enrichit certains et permet à ces autres de vivre ou survivre. Mais il n'y a pas d'autres modèles. Les utopies d'Ivan Illich restent limitées à quelques lieux non touchés par l'économie monétarisée que nous connaissons. La société « égalitaire » n'est pas pour demain ! Rassurons-bous, la société « fraternelle » non plus...

Patrice Bérard, juillet 2010

Ouvrages consultés :
Marx Karl, Le Capital, Critique de l’économie capitaliste - (1872-1878) – Paris, Éditions Sociales, 1962
Illich Ivan, Le chômage créateur et autres oeuvres (voir Chronique n° 14)
Brulé Pierre, Les femmes grecques à l'époque classique, Hachette, 2001
Villermé, Etat physique et moral des ouvriers (1832-1835), 10/18, 1971
Pirenne Henri, Histoire économique de l'occident médiéval, Desclée de Brouwer, 1951
et autres...

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